Douzième Dimanche après la Pentecôte
Le Christ de l'Apocalypse
(Fresque de la Crypte de la Cathédrale d'Auxerre)
Evangile selon Saint Matthieu (19:16-26)
Et voici, un
homme s'approcha, et dit à Jésus: Maître, que dois-je
faire de bon pour avoir la vie éternelle? Il lui répondit:
Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon? Un seul est le bon. Si tu
veux entrer dans la vie, observe les commandements. Lesquels? lui dit-il.
Et Jésus
répondit: Tu ne tueras point; tu ne commettras point d'adultère;
tu ne déroberas point; tu ne diras point de faux témoignage;
honore ton père et ta mère; et: tu aimeras ton prochain comme
toi-même.
Le jeune homme
lui dit: J'ai observé toutes ces choses; que me manque-t-il encore?
Jésus lui dit: Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu
possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans
le ciel. Puis viens, et suis moi.
Après
avoir entendu ces paroles, le jeune homme s'en alla tout triste; car il
avait de grands biens. Jésus dit à ses disciples: Je vous
le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le
royaume des cieux. Je vous le dis encore, il est plus facile à un
chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer
dans le royaume de Dieu.
Les disciples,
ayant entendu cela, furent très étonnés, et dirent:
Qui peut donc être sauvé? Jésus les regarda, et leur
dit: Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.
Lettre de Saint Paul aux Corinthiens (15:1-11)
Je vous rappelle,
frères, l'Évangile que je vous ai annoncé, que vous
avez reçu, dans lequel vous avez persévéré,
et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que
je vous l'ai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain. Je vous
ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que
Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures;
qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième
jour, selon les Écritures; et qu'il est apparu à Céphas,
puis aux douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères
à la fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques-uns
sont morts. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous
les apôtres. Après eux tous, il m'est aussi apparu à
moi, comme à l'avorton; car je suis le moindre des apôtres,
je ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que
j'ai persécuté l'Église de Dieu. Par la grâce
de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a pas été
vaine; loin de là, j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas
moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. Ainsi donc,
que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce que nous prêchons,
et c'est ce que vous avez cru.
L' évangile du douzième dimanche après la Pentecôte nous montre un homme riche et puissant - «un notable» - demandant à Jésus ce qu'il faut faire pour obtenir la vie éternelle. Jésus lui rappelle les commandements. « J' ai gardé tout cela depuis ma jeunesse...» Il lui manque encore une chose, dit Jésus: vendre ses biens, les distribuer aux pauvres. « Puis viens et suis moi...». Mais cet homme s'éloigne avec tristesse, «car il était fort riche». Et Jésus dit qu'il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu.
C' est parfois la richesse matérielle qui empêche un homme d'entrer dans le royaume. Mais il y a d' autres possessions que l'argent. La beauté, l'intelligence, telle ou telle affection humaine désordonnée, telle ou telle habitude mauvaise : ce sont là autant d'obstacles dont Jésus nous dit de nous défaire avant de le suivre. Quelles sont les possessions terrestres qui me retiennent et qui m' empêchent, moi, personnellement, de suivre Jésus ? Comment puis-je mettre ces possessions au service des pauvres et libérer ainsi ma volonté ? L'évangile de ce jour place devant chacun de nous cette question.
L'épître
lue à la liturgie contient d'abord un résumé de la
prédication de Paul, fait par l'apôtre lui-même avec
une certaine solennité. «Je vous rappelle l'Evangile que je
vous ai annoncé... Je vous ai transmis tout d'abord ce que j'avais
moi-même reçu...». Ce message essentiel est que le Christ
est mort pour nos péchés et qu'il est ressuscité.
Paul énumère ici les témoins de la résurrection.
Puis il ajoute : «Et, en tout dernier lieu, il m'est apparu à
moi aussi, comme à l'avorton. Oui je suis le moindre des apôtres...».
Paul a néanmoins conscience de ce qu'il est, mais tout ce qu'il
est, il l'attribue à la grâce : «C'est par la grâce
de Dieu que je suis ce que je suis... J'ai travaillé plus qu'eux
tous : Oh , non pas moi. mais la grâce de Dieu qui est en moi».
Nous ne pouvons dire, comme Paul, que nous avons travaillé plus
que d'autres : loin de là. Mais, avec Paul, rendons hommage à
la souveraineté de la grâce. Si nous avons fait quelque chose,
si nous ne sommes pas morts spirituellement, nous le devons à la
grâce seule. Nous pouvons même espérer - humblement
espérer - que Jésus se fera voir par nous aussi, avec les
yeux de l'âme, "comme à l'avorton".