Evangile selon Saint Luc (7:11-17)
Le jour suivant,
Jésus alla dans une ville appelée Naïn; ses disciples
et une grande foule faisaient route avec lui. Lorsqu'il fut près
de la porte de la ville, voici, on portait en terre un mort, fils unique
de sa mère, qui était veuve; et il y avait avec elle beaucoup
de gens de la ville.
Le Seigneur,
l'ayant vue, fut ému de compassion pour elle, et lui dit: Ne pleure
pas! Il s'approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s'arrêtèrent.
Il dit: Jeune homme, je te le dis, lève-toi! Et le mort s'assit,
et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère.
Tous furent
saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant: Un grand prophète
a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple. Cette parole sur
Jésus se répandit dans toute la Judée et dans tout
le pays d'alentour.
Lettre de Saint Paul aux Galates (1:11-19)
Je vous déclare,
frères, que l'Evangile qui a été annoncé par
moi n'est pas de l'homme; car je ne l'ai ni reçu ni appris d'un
homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. Vous
avez su, en effet, quelle était autrefois ma conduite dans le judaïsme,
comment je persécutais à outrance et ravageais l'Eglise de
Dieu, et comment j'étais plus avancé dans le judaïsme
que beaucoup de ceux de mon âge et de ma nation, étant animé
d'un zèle excessif pour les traditions de mes pères. Mais,
lorsqu'il plut à celui qui m'avait mis à part dès
le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce,
de révéler en moi son Fils, afin que je l'annonçasse
parmi les païens, aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le
sang, et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent
apôtres avant moi, mais je partis pour l'Arabie. Puis je revins encore
à Damas. Trois ans plus tard, je montai à Jérusalem
pour faire la connaissance de Céphas, et je demeurai quinze jours
chez lui. Mais je ne vis aucun autre des apôtres, si ce n'est Jacques,
le frère du Seigneur.
Le thème de cette lecture
de l'évangile, nous l'avons dit, est la compassion de Jésus.
C'est par un pur hasard que Jésus rencontre ce cortège funèbre.
Jésus est étranger à Nain, étranger à
la famille que le deuil a frappé. Il n'y a, semble-t-il, aucune
raison pour que Jésus veuille manifester sa puissance spécialement
à Nain. Ou plutôt il y a une raison, une seule raison: c'est
que Jésus, voyant la douleur de la mère, «eut pitié
d'elle». La première parole de Jésus n'est pas le commandement
donné au mort, mais la parole de consolation adressée à
la mère : «Ne pleure pas.» Et, quand le jeune homme
se lève, nous ne lisons pas dans l'évangile que Jésus
lui ait parlé (quoique sans doute il lui ait parlé), mais
nous lisons que Jésus «le donna à sa mère».
( On remarquera que l' évangile dit «le donna», et non
«le rendit». Jésus, en ressuscitant le jeune homme,
avait acquis un droit particulier de possession sur lui, et c'est un don
grâcieux qu'il fait maintenant à la mère.
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Les évangiles rapportent trois résurrections
opérées par Jésus . celle du fils de la veuve de Nain,
celle de la fille de Jaïre, celle de Lazare. Dans les trois cas, il
semble que c'est premièrement la compassion de Jésus envers
la douleur des proches qui est la cause du miracle.
Les trois cas nous manifestent Jésus aimant
et compatissant. Si cet élément de compassion doit être
tout d' abord souligné, il ne faut pas méconnaître
que les miracles de résurrection ont aussi une autre cause : ils
manifestent que le Messie a tout pouvoir sur la vie et la mort. Quelques
détails de l'évangile d'aujourd'hui mettent en lumière
ce pouvoir : ainsi l' attitude d' autorité de Jésus qui,
d'un signe, arrête le cortège ; la forme solennelle et impérative
de ses paroles : «Je te l'ordonne, lève-toi » ; et le
fait que l'évangéliste, qui, dans les premiers versets du
même chapitre, parle simplement de « Jésus » emploie
maintenant le mot « Seigneur » : car il s'agit de la rencontre
du Seigneur de la vie avec la mort et la douleur humaine. Remarquons que
les trois cas de résurrection rapportés par les évangiles
couvrent tous les aspects physiques successifs de la mort. Jésus
ressuscite la fille de Jaire encore couchée sur son lit, il ressuscite
le füs de la veuve de Nain que l' on emporte dans un cercueil, il
ressuscite Lazare déjà enseveli et décomposé:
la seigneurie de Jésu88ur la mort e8t complète; cela
s'applique aux aspectz différentz de la mort
Bpirituelle aussi bien qu'à ceux de la mort physique, et les récits
évangéliques de résurrection indiquent symboliquement
comment Jésus rend la vie aux pécheurs. Il faudrait enfin
être plus attentif qu'on ne l'a généralement été
au rôle joué par les femmes dans les cas de résurrection.
Ici, c'est le chagrin de la mère qui émeut
Jésus (et l'on pourrait dire que la veuve de Naïn a une place
plus importante que son fils dans l'évangüe d'aujourd'huil.
La femme de Jaïre joint ses larmes à celles de son mari.
Marthe suggère à Jésus qu'il
pourrait ressusciter son frère. Il en est de même hors des
évangiles. Pierre ressuscite Dorcas sur les instances des veuves
de Lydda ( Actes 9. 36-411. Elie ressuscite le fils de la veuve de Zarephat
à cause de la douleur de la mère (1 Rois 17. 18-23). C'est
aussi à caue de la mère qu'Elisée ressuscite le fils
de la Sunnamite (2 Rois 4: 18-37). L'auteur de l'épître aux
Hébreux a donc raison d'écrire : «Des femmes ont retrouvé
leurs morts par la résurrection » (Hébreux 11. 351.
Peut-être ces pas~ sages (comme l'évangile d'aujourd'huil
jettent-ils une lumière voilée sur un aspect du ministère
spirituel des femmes. La conversion des pécheurs est semblable à
la résurrection des morts; or la prière des femmes, en particulier
des mères [34] et des femmes dont la vie est entièrement
offerte et consacrée à Dieu, a souvent une valeur d'intercession
singulièrement efficace, et, en ce Bens, une vie cachée et
contemplative peut être une vie apostolique [35].
L'épître d'aujourd'hui est tirée de la lettre de Saint Paul aux Galates (1: 11-19). L'apôtre déclare aux Galates que wn « évangile » ne provient d'aucune tradition humaine, mais qu'il l'a reçu par une révélation directe de Jésus-Christ. Sa vocation d'apôtre n'est pas dûe à un choix des Douze, mais à une grâce immédiate de Dieu. Quand il s' est converti, il n' a pas « consulté la chair et le sang »; il n'est pas allé à Jérusalem prendre contact avec les autres apôtres, mais, pendant trois ans, y a vécu
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en Aragie et à Damas. C'est seulement après
ces trois ans qu'il est allé à Jérusalem pour voir
Pierre ; il n'est d'ailleurs demeuré avec lui que quinze jours et
n'a pas vu d'autre apôtre, sauf Jacques. Cette insistance de Paul
sur le caractère immédiat et personnel de son apostolat était
nécessaire. Certains milieux chrétiens, en particulier ceux
qui subissaient le plus l'influence de l'Eglise « apostolique »
de Jérusalem, contestaient l'apostolat de Paul et opposaient à
celui-ci l'autorité des Douze. Ce conflit avait pénétré
chez les Galates et suscité des attitudes divergentes dans des questions
pratiques, par exemple celle de la circoncision. Paul revendique avec véhémence
ses droits d'apôtre. Cette revendication n'a rien perdu de wn importance,
car le même conflit s'est renouvelé souvent au cours des siècles.
L'épître que nous liwns aujourd'hui nous rappellera combien
nous devons être attentifs à ne jamais laisser l'institution
éteindre l'Esprit.