Vingtième Dimanche après la Pentecôte
      Le Christ de l'Apocalypse
      Le Christ de l'Apocalypse
      (Fresque de la Crypte de la Cathédrale d'Auxerre)
         
         

        Evangile selon Saint Luc (7:11-17)

            Le jour suivant, Jésus alla dans une ville appelée Naïn; ses disciples et une grande foule faisaient route avec lui. Lorsqu'il fut près de la porte de la ville, voici, on portait en terre un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve; et il y avait avec elle beaucoup de gens de la ville.
            Le Seigneur, l'ayant vue, fut ému de compassion pour elle, et lui dit: Ne pleure pas! Il s'approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s'arrêtèrent. Il dit: Jeune homme, je te le dis, lève-toi! Et le mort s'assit, et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère.
            Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, disant: Un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple. Cette parole sur Jésus se répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d'alentour.
         
         

        Lettre de Saint Paul aux Galates (1:11-19)

            Je vous déclare, frères, que l'Evangile qui a été annoncé par moi n'est pas de l'homme; car je ne l'ai ni reçu ni appris d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. Vous avez su, en effet, quelle était autrefois ma conduite dans le judaïsme, comment je persécutais à outrance et ravageais l'Eglise de Dieu, et comment j'étais plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge et de ma nation, étant animé d'un zèle excessif pour les traditions de mes pères. Mais, lorsqu'il plut à celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils, afin que je l'annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang, et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l'Arabie. Puis je revins encore à Damas. Trois ans plus tard, je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas, et je demeurai quinze jours chez lui. Mais je ne vis aucun autre des apôtres, si ce n'est Jacques, le frère du Seigneur.
         
         
         
         

      Méditation du Père Lev


            L'Eglise, en ce 20e dimanche après la Pentecôte, nous montre la compassion de Jésus remportant une victoire sur la mort. Jésus traverse la ville de Nain; il rencontre le cortège funèbre du fils unique d'une veuve ; ému à la vue du chagrin de la mère, il dit à celle-ci de ne pas pleurer; et, touchant le cercueil, il commande au jeune homme de se lever. Le mort se redresse, commence à parler, et Jésus le remet à sa mère. Le peuple, saisi de crainte, rend gloire à Dieu .

            Le thème de cette lecture de l'évangile, nous l'avons dit, est la compassion de Jésus. C'est par un pur hasard que Jésus rencontre ce cortège funèbre. Jésus est étranger à Nain, étranger à la famille que le deuil a frappé. Il n'y a, semble-t-il, aucune raison pour que Jésus veuille manifester sa puissance spécialement à Nain. Ou plutôt il y a une raison, une seule raison: c'est que Jésus, voyant la douleur de la mère, «eut pitié d'elle». La première parole de Jésus n'est pas le commandement donné au mort, mais la parole de consolation adressée à la mère : «Ne pleure pas.» Et, quand le jeune homme se lève, nous ne lisons pas dans l'évangile que Jésus lui ait parlé (quoique sans doute il lui ait parlé), mais nous lisons que Jésus «le donna à sa mère». ( On remarquera que l' évangile dit «le donna», et non «le rendit». Jésus, en ressuscitant le jeune homme, avait acquis un droit particulier de possession sur lui, et c'est un don grâcieux qu'il fait maintenant à la mère.
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        Les évangiles rapportent trois résurrections opérées par Jésus . celle du fils de la veuve de Nain, celle de la fille de Jaïre, celle de Lazare. Dans les trois cas, il semble que c'est premièrement la compassion de Jésus envers la douleur des proches qui est la cause du miracle.
        Les trois cas nous manifestent Jésus aimant et compatissant. Si cet élément de compassion doit être tout d' abord souligné, il ne faut pas méconnaître que les miracles de résurrection ont aussi une autre cause : ils manifestent que le Messie a tout pouvoir sur la vie et la mort. Quelques détails de l'évangile d'aujourd'hui mettent en lumière ce pouvoir : ainsi l' attitude d' autorité de Jésus qui, d'un signe, arrête le cortège ; la forme solennelle et impérative de ses paroles : «Je te l'ordonne, lève-toi » ; et le fait que l'évangéliste, qui, dans les premiers versets du même chapitre, parle simplement de « Jésus » emploie maintenant le mot « Seigneur » : car il s'agit de la rencontre du Seigneur de la vie avec la mort et la douleur humaine. Remarquons que les trois cas de résurrection rapportés par les évangiles couvrent tous les aspects physiques successifs de la mort. Jésus ressuscite la fille de Jaire encore couchée sur son lit, il ressuscite le füs de la veuve de Nain que l' on emporte dans un cercueil, il ressuscite Lazare déjà enseveli et décomposé: la seigneurie de Jésu88ur la mort e8t complète; cela

        s'applique aux aspectz différentz de la mort Bpirituelle aussi bien qu'à ceux de la mort physique, et les récits évangéliques de résurrection indiquent symboliquement comment Jésus rend la vie aux pécheurs. Il faudrait enfin être plus attentif qu'on ne l'a généralement été au rôle joué par les femmes dans les cas de résurrection.
        Ici, c'est le chagrin de la mère qui émeut Jésus (et l'on pourrait dire que la veuve de Naïn a une place plus importante que son fils dans l'évangüe d'aujourd'huil. La femme de Jaïre joint ses larmes à celles de son mari.
        Marthe suggère à Jésus qu'il pourrait ressusciter son frère. Il en est de même hors des évangiles. Pierre ressuscite Dorcas sur les instances des veuves de Lydda ( Actes 9. 36-411. Elie ressuscite le fils de la veuve de Zarephat à cause de la douleur de la mère (1 Rois 17. 18-23). C'est aussi à caue de la mère qu'Elisée ressuscite le fils de la Sunnamite (2 Rois 4: 18-37). L'auteur de l'épître aux Hébreux a donc raison d'écrire : «Des femmes ont retrouvé leurs morts par la résurrection » (Hébreux 11. 351. Peut-être ces pas~ sages (comme l'évangile d'aujourd'huil jettent-ils une lumière voilée sur un aspect du ministère spirituel des femmes. La conversion des pécheurs est semblable à la résurrection des morts; or la prière des femmes, en particulier des mères [34] et des femmes dont la vie est entièrement offerte et consacrée à Dieu, a souvent une valeur d'intercession singulièrement efficace, et, en ce Bens, une vie cachée et contemplative peut être une vie apostolique [35].

        L'épître d'aujourd'hui est tirée de la lettre de Saint Paul aux Galates (1: 11-19). L'apôtre déclare aux Galates que wn « évangile » ne provient d'aucune tradition humaine, mais qu'il l'a reçu par une révélation directe de Jésus-Christ. Sa vocation d'apôtre n'est pas dûe à un choix des Douze, mais à une grâce immédiate de Dieu. Quand il s' est converti, il n' a pas « consulté la chair et le sang »; il n'est pas allé à Jérusalem prendre contact avec les autres apôtres, mais, pendant trois ans, y a vécu

        .-

        en Aragie et à Damas. C'est seulement après ces trois ans qu'il est allé à Jérusalem pour voir Pierre ; il n'est d'ailleurs demeuré avec lui que quinze jours et n'a pas vu d'autre apôtre, sauf Jacques. Cette insistance de Paul sur le caractère immédiat et personnel de son apostolat était nécessaire. Certains milieux chrétiens, en particulier ceux qui subissaient le plus l'influence de l'Eglise « apostolique » de Jérusalem, contestaient l'apostolat de Paul et opposaient à celui-ci l'autorité des Douze. Ce conflit avait pénétré chez les Galates et suscité des attitudes divergentes dans des questions pratiques, par exemple celle de la circoncision. Paul revendique avec véhémence ses droits d'apôtre. Cette revendication n'a rien perdu de wn importance, car le même conflit s'est renouvelé souvent au cours des siècles. L'épître que nous liwns aujourd'hui nous rappellera combien nous devons être attentifs à ne jamais laisser l'institution éteindre l'Esprit.
         
         

      père Lev


                   Textes tirés du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet
                                       ("Un moine de l'Eglise d'orient") aux éditions du Cerf
         
         
      Cette page a été préparée par la Paroisse Saint Etienne Saint Germain de Vézelay.
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