Vingt-Neuvième Dimanche après la Pentecôte
Le Christ de l'Apocalypse
(Fresque de la Crypte de la Cathédrale d'Auxerre)
Evangile selon Saint Luc (17:12-19)
Comme il entrait
dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant
à distance, ils élevèrent la voix, et dirent: Jésus,
maître, aie pitié de nous!
Dès qu'il
les eut vus, il leur dit: Allez vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant
qu'ils y allaient, il arriva qu'ils furent guéris.
L'un d'eux,
se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute
voix. Il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces.
C'était un Samaritain.
Jésus,
prenant la parole, dit: Les dix n'ont-ils pas été guéris?
Et les neuf autres, où sont-ils? Ne s'est-il trouvé que cet
étranger pour revenir et donner gloire à Dieu?
Puis il lui
dit: Lève-toi, va; ta foi t'a sauvé.
Lettre de Saint Paul aux Colossiens (3:4-11)
Quand Christ,
votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans
la gloire.
Faites donc mourir les membres
qui sont sur la terre, l'impudicité, l'impureté, les passions,
les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie.
C'est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur
les fils de la rébellion, parmi lesquels vous marchiez autrefois,
lorsque vous viviez dans ces péchés.
Mais maintenant,
renoncez à toutes ces choses, à la colère, à
l'animosité, à la méchanceté, à la calomnie,
aux paroles déshonnêtes qui pourraient sortir de votre bouche.
Ne mentez pas
les uns aux autres, vous étant dépouillés du vieil
homme et de ses œuvres, et ayant revêtu l'homme nouveau, qui se renouvelle,
dans la connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé.
Il n'y a ici
ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni
esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous.
Nous l'avons vu en parlant de ces Dimanches «spécialisés»,
dont chacun a été mentionné à la place chronologique
qui lui convient. Ces Dimanches «spécialisés»
se superposent à quelques uns des Dimanches ordinaires, c'est-à-dire
qui appartiennent au cycle des Dimanches après la Pentecôte.
Ce cycle continue à se dérouler pendant le temps de Noël
et de l'Epiphanie, sans que les Dimanches qui le composent aient un rapport
réel avec ces fêtes, puisque - nous le savons déjà
- le cycle mobile des Dimanches et le cycle des Fêtes fixes demeurent
indépendants l'un de l'autre.
Certains Dimanches ont donc deux épîtres, deux évangiles,
etc.; ils réunissent les éléments liturgiques qui
leur reviennent en tant qu'ils sont membres du cycle mobile des dimanches
et d'autres éléments liturgiques qu'impose la proximité
de telle ou telle fête possédant une date fixe; en pratique,
c'est la proximité de ces fêtes fixes qui constitue le facteur
déterminant et rejette à l' arrière-plan les caractères
du cycle dominical mobile. Après avoir parlé des Dimanches
«spécialisés » par les fêtes voisines,
nous dirons maintenant quelques mots des Dimanches après la Pentecôte
qui se trouvent tomber dans le temps de Noël et de l'Epiphanie. On
sait que la répartition des Dimanches après la Pentecôte
soit dans le temps de l' Avent, soit dans le temps de Noël et de l'Epiphanie,
ne peut pas être faite avec une rigoureuse exactitude, puisque le
cycle mobile des Dimanches varie chaque année avec la date mobile
de Pâques. En traitant des Dimanches du temps de l' Avent, nous avons
atteint le vingt-huitième Dimanche après la Pentecôte.
Nous placerons maintenant dans le temps de Noël et de l'Epiphanie
les quatre dimanches suivants : nous irons donc du vingt-neuvième
au trente-deuxième dimanche après la Pentecôte.
L' évangile du vingt-neuvième dimanche raconte comment Jésus guérit dix lépreux, dont un seul - qui était samaritain - le remercia. Jésus s'étonna de ce que, seul, cet étranger lui ait rendu grâces : «Où sont les neuf autres ? ». Nous pourrions tirer de cet évangile quatre principales leçons. D'abord, le devoir de la reconnaissance envers Dieu, l'importance de «sa glorification» pour tous les biens que nous avons reçus : le remerciement occupe-t-il dans notre prière la place qui lui revient? Ne demandons-nous pas plus que nous ne remercions ? Puis le contraste entre l'ingratitude des neuf lépreux juifs et la reconnaissance sincère, exprimée d'une manière si vive - «...glorifiant Dieu à haute voix... il se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre terre, en le remerciant » - du Samaritain: les hommes dont la croyance est moins vraie que la nôtre ne sont-ils point parfois plus agréables à Dieu que nous-mêmes, parce que leur cœur apprécie mieux les dons divins ? Et encore le rapport que Jésus établit entre la foi et la guérison : «...ta foi t'a sauvé». Avons-nous une foi telle qu'elle puisse nous guérir ? Et enfin l'analogie entre la lèpre et le péché. Chez les Hébreux, l'idée de lèpre et l'idée de souillure morale s'associaient facilement. Sommes-nous purs et guéris de toute lèpre, de tout péché ? Si nous ne le sommes pas, disons-nous du moins, avec ces dix lépreux : «Jésus, Maître... aie pitié de nous» ?
L' épître contient certaines phrases qui - par pure coïncidence - conviennent particulièrement au temps de Noël et à l'épisode des lépreux. Ainsi :«Quand le Christ notre vie sera manifesté... Mortifiez donc vos membres terrestres : fornication, impureté...». Ce thème d'«impureté» et de «guérison» nous rappelle comment le chef syrien Naaman, souffrant de la lèpre, fut guéri en se plongeant dans les eaux du Jourdain, comme le prophète Elisée le lui avait prescrit. Une interprétation spirituelle de cet épisode dirigerait notre pensée vers l'Epiphanie, manifestation de Jésus dans les eaux du même fleuve.