Dimanche de l'Orthodoxie


         
      Evangile selon Saint Jean (1: 43-51)
         
            Le lendemain, il voulut s'en aller en Galilée. Et Jésus trouve Philippe, et lui dit: Suis-moi. Or Philippe était de Bethsaïda, de la ville d'André et de Pierre.
            Philippe trouve Nathanaël et lui dit: Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth.
            Et Nathanaël lui dit: Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? Philippe lui dit: Viens et vois.
            Jésus vit Nathanaël venir vers lui, et il dit de lui: Voici un vrai Israélite, en qui il n'y a pas de fraude.
            Nathanaël lui dit: D'où me connais-tu? Jésus répondit et lui dit: Avant que Philippe t'eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais.
            Nathanaël répondit et lui dit: Rabbi, tu es le Fils de Dieu; tu es le roi d'Israël.
            Jésus répondit et lui dit: Parce que je t'ai dit que je te voyais sous le figuier, tu crois? tu verras de plus grandes choses que celles-ci.
            Et il lui dit: En vérité, en vérité, je vous dis: Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l'homme.
         
      Méditation du Père Lev
         
            Le mot «Orthodoxie» a été originairement pris, par rapport à ce Dimanche, dans un sens assez restreint. Il désignait, lorsque cette fête fut instituée, en 842, la défaite de l'iconoclasme et la proclamation de la légitimité du culte des icônes. Plus tard, la signification du mot s'élargit. On entendit par «Orthodoxie» l'ensemble des dogmes professés dans les Eglises en communion avec Constantinople. Un document officiel, le Synodikon, qui anathématisait nommément tous les hérésiarques, était lu, ce Dimanche, dans les églises. Il semble que, au début du Carême, la chrétienté byzantine ait considéré comme un devoir et un besoin de confesser sa croyance. De nos jours, on manifesterait probablement un souci plus grand, que ce n' était alors le cas, de s' exprimer, avec charité sur ceux qui errent et de dégager, dans leur pensée, ce qui est la part de vérité et ce qui est la part d' erreur. Mais il était bon et utile que l'Eglise «orthodoxe» affirmât sans ambiguïté sa propre attitude. Les préoccupations «oecuméniques» qu' elle partage aujourd'hui avec d' autres Eglises ne sauraient signifier un abandon ou un amoindrissement de ses croyances fondamentales. Il est d'ailleurs nécessaire d'élaguer le champ de l'Orthodoxie des herbes parasites et de ne pas profaner l'adjectif «orthodoxe» en l'appliquant à ce qui pourrait être superstition ou superfétation.

            Les textes lus ou chantés aux vêpres et aux matines de ce Dimanche insistent sur la réalité de l'Incarnation. En effet, la venue du Christ dans la chair constitue le fondement du culte des images. Le Christ incarné est l'Image essentielle, le prototype de toutes les images. Quelques phrases du Triodion  expriment bien le sens profond du culte rendu aux icônes.

            «En vérité, l'Eglise du Christ s' est parée du plus bel ornement par les saintes icônes du Christ notre Sauveur, de la Theotokos et de tous les Saînts glorifiés.., En gardant l'icône du Christ que nous louons et vénérons, nous ne risquons pas de nous égarer. Que ceux qui ne croient pas de la sorte soient dans la confusion. Car notre agenouillement devant le Fils incarné et non pas l'adoration de son icône est une gloire pour nous».

            Les Saints glorifiés ont été des images vivantes, quoiqu'imparfaites, de Dieu. Ils ont été des reproductions affaiblies de la vraie Image divine, qui est le Christ. Pendant la liturgie de ce dimanche, dans la lecture de l'épître aux Hébreux (11:24-26. 32-40), nous entendrons l'écrivain inspiré décrire les souffrances de Moise et de David, des patriarches et des martyrs d'Israël, de ceux dont le monde n'était pas digne», qui ont été flagellés, sciés, décapités et dont la foi a cependant vaincu le monde. Ceux-là ont été des images inscrites, non sur le bois, mais dans la chair. Ils figuraient déjà, ils annonçaient l'Icône définitive, la Personne du Sauveur.

            L' évangile du jour n' a pas de rapport direct avec les images ou avec l' Orthodoxie. Dans la lecture évangélique, nous voyons l' apôtre Philippe amener à Jésus Nathanaël qui, lui-aussi, va devenir un disciple. Jésus dit à Nathanaël : "Avant que Philippe ne t'appelle...quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu». Nathanaël, bouleversé par cette révélation, déclare : "Rabbi, tu es le Fils de Dieu». Jésus répond que Nathanael verra "mieux encore» que cette vision à distance. «Vous verrez les cieux ouverts et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme».

        Ces paroles offrent un vaste champ à notre méditation. Nous ne savons pas ce que faisait ou pensait Nathanaël sous le figuier. Heure de tentation, ou de perplexité, ou de grâce ? ou simplement de repos ? Mais il semble que le Seigneur ne mentionnerait pas cet épisode si celui-ci n'avait pas été un moment décisif, un point tournant dana la vie de Nathanaël. Dans la vie de chacun de nous, il y a eu le moment ou les moments où nous étions "sous le figuier», des moments critiques, où Jésus, lui-même invisible, nous voyait et intervenait. Intervention acceptée ou repoussée ?
            Souvenons-nous de ces moments... Adorons ces interventions divines. Mais ne nous arrêtons pas à elles. Ne nous fixons pas sur une vision passée: «Tu verras mieux encore». Demeurons prêts pour la grâce nouvelle, pour la vision nouvelle. Car la vie du disciple, si elle est authentique, monte de clarté en clarté. Nous pouvons voir «les cieux ouverts et les anges monter» vers le Sauveur ou descendre sur nous. Indication précieuse de cette familiarité avec les anges qui devrait nous être habituelle.
            Le monde des anges ne nous est pas moins proche ni moins aimant que le monde des hommes.
         
         
         

        père Lev
         

        Extraits du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet
        ("Un moine de l'Eglise d'Orient") aux éditions du Cerf

        Cette page a été préparée par la Paroisse Saint Etienne Saint Germain de Vézelay.

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