Ecorce de sycomore....
L'évangile de ce Dimanche nous raconte la conversion du publicain Zachée. Comme Jésus passait par Jéricho, ce riche publicain monta sur un arbre, pour mieux voir Jésus. Notre Seigneur, ayant vu Zachée, lui dit : « Descends vite, il faut que je vienne aujourd'hui dans ta maison ». La parole de Jésus à Zachée nous rappelle la phrase si émouvante de l' Apocalypse:«Voici que je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi». Jésus nous dit ce qu'il avait dit à Zachée. Il veut loger chez nous, dans notre âme. Ce n'est pas dans quelques jours, ce n'est pas demain qu'il veut venir chez nous. C' est à l'instant même: « que je vienne aujourd'hui dans ta maison...». Pourquoi ajourner le changement intérieur qui ferait de Jésus notre hôte ? Je puis, dès cette minute, par un acte intérieur de repentance et de consécration, ouvrir la porte au Seigneur. Je ne dois pas perdre de temps, je ne dois pas laisser s'éloigner une occasion peut-être exceptionnellement favorable et qui ne reviendra plus. «Descends vite», dit Jésus. Je me hâterai donc, et je descendrai. Descendre : ce mot, pour Zachée, signifiait qu'il eût à quitter son poste d'observation sur le sycomore et à revenir à terre; pour nous, descendre signifie renoncer à tous les pauvres artifices par lesquels nous essayons de nous élever au-dessus des autres hommes. « Descends » : quitte donc le sycomore sur lequel tu es monté, abandonne toute forme de vanité et d'orgueil ; c' est seulement sur le sol que tu pourras rencontrer Jésus. Zachée obéit. Il se hâta de descendre. Remarquons deux aspects de cet épisode évangélique, Zachée reçut Jésus "avec joie ". Jésus n' est pas un hôte que nous devrions recevoir cérémonieusement, d'une manière guindée. Nous ne devons pas le regarder comme un de ces visiteurs qui viennent rarement et que l' on reçoit au salon, dans les pièces de la façade. Il doit être un des visiteurs qu' on accueille «avec joie » et auxquels on dit : « vous êtes ici chez vous. Vous êtes à la maison. Tout est à votre disposition. Allez où vous voulez ». Nous ne le confinerons pas au salon, nous l'introduirons partout, et même dans ces chambres secrètes - l'arrière-fond de notre âme - où nous avons laissé s' accumuler tant de poussière et d' ordure et dont nous cachons soigneusement l'existence aux étrangers. Remarquons encore ceci. Zachée, qui vient de subir un changement intérieur, annonce au Seigneur qu'il va rendre jusqu'au quadruple lesbiens qu'il a pu injustement acquérir et qu'il va donner aux pauvres la moitié de sa fortune. «Restitution» et «partage», dans le sens le plus complet de ces mots, sous leur aspect aussi bien spirituel que matériel; réparation du mal commis et mise en commun du bien obtenu : voici les premiers fruits de toute conversion.
Les témoins de cette scène évangélique murmuraient : « il est allé loger chez un pécheur...» Et Jésus déclara : «Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu». C'est sur cette parole que s'achève l'évangile de ce Dimanche. «Ce qui était perdu... chercher... sauver» : alors, pour moi aussi, il y a une espérance ?
Nous atteignons ici un tournant de l' année liturgique. Car la phrase finale de Jésus, dans l'évangile d'aujourd'hui, annonce un autre climat que celui où la nativité et le baptême du Christ nous avaient introduits. Dépassant l'Evangile de l'Incarnation, nous pénétrons dans l'Evangile du pardon et du salut. Avec ce dimanche se clôt le temps de Noël et de l'Epiphanie. Voici venir un autre temps liturgique. Voici déjà qu'au loin un cortège s'avance, qui n'est plus celui des bergers, des mages, du Précurseur et de ses disciples, un cortège où, aux louanges, se mêlent les imprécations et les Vexilla Regis prodeunt, fulget crucis mysterium.
" Voici que les étendarts du Roi
s'avancent et que déjà resplendit, même encore lointain,
le mystère de la croix...."