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*   Le Temps de l'Avent *
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    Le 15 novembre, les Eglises byzantines commencent le « carême de Noël ». Il est aussi appelé « carême de Saint Philippe » parce qu'il est immédiatement précédé par la fête de cet apôtre (14 novembre). Ce temps d'attente et de préparation correspond à l' Avent latin. Il n'y a donc pas d'inconvénient à appeler «temps de l' Avent» le carême de Noël. Celui-ci, comme le « grand carême » qui précède Pâques, dure quarante jours ; mais il ne comporte pas les mêmes restrictions liturgiques et la même rigueur dans les jeûnes que le carême pascal.

    L'idée centrale de l'Avent est celle de la « venue » du Seigneur Jésus. On pourrait se demander si ce terme de « venue » n'est pas un pur symbole, car enfin le Christ vient à nous en tout temps et même il demeure en nous. Néanmoins cette approche et cette présence éternelles du Christ prennent, dans le temps de l'Avent, un aspect spécial ; elles acquièrent en quelque sorte un caractère « intensif ». Une grâce spéciale de « venue » du Seigneur nous est offerte. Le Seigneur Jésus nous était déjà présent; mais la grâce de l' Avent nous permet de prendre une conscience plus vive et toute nouvelle de cette présence. Jésus était auprès de nous et en nous. Il se fait cependant connaître à nous, dans cette période, comme « celui qui vient », c'est-à-dire qu'il se fait connaître comme voulant être avec nous et, comme nous adaptant mieux à son intimité.

    La prière chrétienne pendant le temps de l'Avent pourrait se résumer eri un seul mot : « Viens !». C'est le «Viens, Seigneur Jésus!» qui termine l'Apocalypse
Si ce cri d'appel est prononcé par nous avec sincérité et ferveur, il devient une véritable ascèse. En effet l'espérance et l'attente du Seigneur prennent alors une place croissante dans notre âme. Chaque jour de l'Avent, ce « Viens !» nous emplit davantage, il est prononcé avec un accent plus puissant, et il refoule au loin les pensées, les images, les passions incompatibles avec la venue du Christ. Ce «Viens !» nous purifie et nous enflamme. Il devrait donner à notre prière, au cours de l' Avent, sa nuance spéciale. Puissions-nous, chaque jour de l'Avent, proférer cet appel d'une manière de moins en moins imparfaite .

    Nous l'avons déjà dit, le terme de « venue » désigne ici l'intensification, l'objectivation d'une approche et d'une présence éternelles. Notre prière de l'Avent, «Viens!», pourrait donc se traduire ainsi : « Que je Te sente en moi . Que le monde entier sente Ta présence ! ».

    Celui qui vient, ou plutôt celui de la présence duquel nous désirons devenir plus conscients, peut nous apparaître, pendant l'Avent, sous divers aspects. L'Occident semble attendre de préférence le Roi, le Messie à la fois dominateur et libérateur. Il y a là une idée très féconde qui continue l'attente messianique de la synagogue. Dans ce cas, pour nous préparer à recevoir Jésus comme roi et Messie, nous devons surtout, pendant l'Avent nous mettre dans une disposition intérieure d'obéissance : je ne veux plus avoir de volonté propre, mais être sous des ordres; qu'il vienne donc, celui qui est plus fort que moi et que je reconnais comme mon Maître.

    L'Orient a plutôt vu dans l' Avent l'attente de la lumière qui va se lever.
La naissance de Jésus coincide avec la victoire de la lumière sur les ténèbres dans le monde physique: à partir de Noël, les jours grandissent. De même nos ténèbres intérieures vont être dissipées par la venue de celui qui est la Lumière du monde. L'Avent byzantin tend surtout vers l'Epiphanie, «fête des lumières», tandis que l'Avent latin tend surtout vers Noël, fête de la venue du Seigneur dans notre chair. Pour préparer la victoire de la lumière, nous devons, pendant l'Avent, nous ouvrir de plus en plus à cette lumière « qui éclaire tout homme venant en ce monde ». Nous devons nous examiner nous-mêmes sous cette lumière intérieure. Nous devons laisser la "lumière qui est au fond de nous" guider nos actes quotidiens. Nous devons vivre dans une atmosphère de docilité, de vérité et de sincérité.

    L' Avent a une signification eschatologique importante. Il nous rappelle le Second Avènement à la fin des temps et le caractère transitoire des choses de ce monde. Mais l'eschatologie n'est féconde que si elle s'intériorise à nous et s'applique à notre vie personnelle. La gloire du Second Avènement doit d'abord être préfigurée par la venue de Jésus dans l'homme individuel et par le lever du jour au travers de notre propre nuit obscure.
 


 

Textes tirés du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet
("Un moine de l'Eglise d'Orient") aux éditions du Cerf

Index de la paroisse ND Joie des Affligés et Ste Geneviève

Cette page a été préparée par la paroise
St Etienne et St Germain,
de Vézelay :
Index de la paroisse St Etienne St Germain

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