Se préparer à la communion eucharistique.
La Divine Liturgie est le commencement du Royaume des cieux : "Béni soit le Règne du Père et du Fils et du Saint-Esprit...", dit le célébrant, alors que les portes saintes sont ouvertes, manifestant que nous entrons, que nous sommes dans ce Règne. "Lorsque deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis au milieu d'eux."(Mt 18.20). La Liturgie n'est pas une 'affaire' individuelle.

Jésus s'avance vers Son peuple rassemblé (entrée de l'Evangile, entrée des dons offerts) et nous allons vers Lui. Dieu se donne gratuitement et nous distribue gratuitement Ses Dons. A nous d'être prêts à les recevoir. A ce sujet, saint Nicolas Cabasilas rappelle que le Seigneur sortit pour semer, non pour labourer. Ce labour, cette préparation du champ est notre œuvre et il ne convient pas de la négliger.

Il est possible de parler d'une préparation lointaine à la Divine Liturgie et d'une préparation immédiate : toute œuvre à réaliser demande une préparation, à plus forte raison la rencontre avec le Tout-Puissant.

a) La préparation lointaine à la communion dominicale est celle de toute la semaine et de toute la vie. Lorsque l'on est chrétien il n'est pas possible de faire n'importe quoi et de vivre n'importe comment : repousser le péché, combattre le démon... doit être notre préoccupation constante, afin de préserver notre vie d'union à Dieu.

Si des fautes ont terni cette Vie, cette divine présence en nous, le sacrement du pardon, accompagné du repentir et de la seule confiance en la miséricorde de Dieu, nous donne la guérison. Bien qu'ils soient eux-mêmes pécheurs, les prêtres accomplissent, au milieu de leurs frères, le commandement du Christ aux Apôtres : "Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis." (Jn 20.23).

La confession fréquente aide à nous dégager d'habitudes de vie facile. Elle nous permet de jeter un coup de projecteur sur notre vie d'intimité avec Dieu et sur les relations avec nos frères.

Notre Dieu est plein de miséricorde et d'amour pour l'homme qui se repent et qui, imitant le publicain, confesse : "Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis"(Lc 18.13). Mais si nous persévérions dans le péché par orgueil pharisaïque, si notre cœur venait à être refroidi par la 'facilité' du monde ou par la duplicité, si nous perdions le sens véritable des Saints Dons, si nous n'avions plus une attitude d'humilité et de crainte, alors il deviendrait nécessaire de nous abstenir de communier au Corps et au Sang du Christ.

La communion eucharistique n'est jamais individuelle, car nous sommes membres d'un même corps et "si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui"(1Cor 12.26).

b) La préparation immédiate est accomplie dans l'église dès le début de la Divine Liturgie : les prières nous orientent vers Dieu ; les psalmodies et les lectures proclament à nos oreilles et à notre cœur Sa bonté pour tous les hommes ; elles nous parlent de Sa justice et disposent ainsi nos âmes à la crainte et à une prise de conscience de notre indignité.

Chacun reconnaît ses péchés et saisit combien grande est la miséricorde de ce Dieu et Père pour chacun de Ses fils. Dans Son amour Il nous fait entrer dans l’œuvre de rédemption de son fils que nous actualisons à la Sainte Liturgie. Bien que pardonnés, nous restons indignes de nous tenir devant la majesté de Sa gloire. C'est pourquoi sans cesse disons-nous : "Kyrie eleison, Seigneur, prends pitié" !

Pour conclure, nous empruntons quelques lignes à P. Boris Bobrinskoy : "l'Eucharistie doit être préparée et préservée. Il y a un "avant" du culte et un "après". L''avant' c'est la préparation, la marche vers l'autel, qui implique une ascèse de préparation, de repentance, de travail, d'oubli de soi-même, de jeûne, d'attente, de désir croissant du Christ qui s'inscrit dans la semaine. Et puis, l''après', rentrant dans le monde après avoir pris part à l'Eucharistie nous sommes remplis de la Lumière, "nous avons vu la Vraie Lumière", nous sommes devenus les réceptacles de l'Esprit céleste, et nous devons préserver cette joie et cette paix, dans notre foyer, dans notre travail, dans notre vie dans le monde... La Prière du cœur est fondamentale pour l"avant" comme pour l'"après" de l'Eucharistie."(Conférence pour la formation théologique des jeunes, décembre 1990)
 

prêtre Emmanuel (Paru dans le calendrier de novembre 1998)

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