Fête de la Nativité
de la Très Sainte Mère de Dieu
et toujours Vierge Marie
 

La Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu
 

Tropaire

TA NATIVITÉ, MÈRE DE DIEU,
A RÉVÉLÉ LA JOIE À L’UNIVERS,
CAR DE TOI S’EST LEVÉ LE SOLEIL DE JUSTICE,
LE CHRIST, NOTRE DIEU.
DE LA MALÉDICTION, IL NOUS DÉLIVRE
ET NOUS OUVRE À SON AMOUR
VAINQUEUR DE LA MORT, IL NOUS DONNE LA VIE.
 
 

Evangile selon Saint Luc (1: 39-49, 56 et 10: 38-43, 11: 27-28)

      Dans ce même temps, Marie se leva, et s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Dès qu'Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint Esprit. Elle s'écria d'une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni. Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon sein. Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement. Et Marie dit: Mon âme exalte le Seigneur, Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, parce que le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses.

        Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle.

      Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur, nommée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, occupée à divers soins domestiques, survint et dit: Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma soeur me laisse seule pour servir? Dis-lui donc de m'aider. Le Seigneur lui répondit: Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.

        Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit: Heureux le sein qui t'a porté! heureuses les mamelles qui t'ont allaité! Et il répondit: Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent!
 
 

Epître de Saint Paul aux Philippiens (2: 5-11)


      Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix.
C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
 
 

Méditation du Père Lev Gillet

 

Textes extrait des Vigiles de la Fête

EN CE JOUR LE DIEU QUI REPOSE SUR LES TRÔNES SPIRITUELS
S’EST PRÉPARÉ SUR TERRE UN TRÔNE SAINT.
CELUI QUI ÉTABLIT LES CIEUX AVEC SAGESSE
DISPOSE UN CIEL VIVANT DANS SON AMOUR POUR LES HOMMES
IL FAIT SURGIR D’ UNE RACINE SANS FRUIT,
SA MÈRE PORTEUSE DE LA VIE
Ô DIEU DES MERVEILLES, TOI L’ESPÉRANCE DES DÉSESPÉRÉS,
SEIGNEUR DES PUISSANCES, GLOIRE À TOI
 

C’EST AUJOURD’HUI LES PRÉMICES DE NOTRE SALUT,
VOICI QUE L’ÉLUE DE L’ÉPOUX,
LE TABERNACLE DE DIEU, LA MÈRE ET VIERGE
EST ENFANTÉE PAR UNE FEMME STÉRILE
UN RAMEAU A FLEURI SUR LA RACINE DE JESSÉ
QU’ADAM NOTRE PREMIER PÈRE SE RÉJOUISSE
ET QU’ÈVE DANSE DE JOIE
VOICI QUE CELLE FORMÉE D’UNE CÔTE D’ADAM
PROCLAME BIENHEUREUSE SA FILLE EN DISANT :
« MA DÉLIVRANCE EST ENFANTÉE
JE VAIS ÊTRE LIBÉRÉE DES ENFERS
RÉJOUIS-TOI DAVID ET CHANTE DIEU SUR LA HARPE
CAR LA VIERGE NAIT D’UN SEIN STÉRILE
POUR LE SALUT DE NOS ÂMES.
 

VENEZ TOUS LES FIDÈLES ACCOURONS VERS LA VIERGE
VOICI QUE NAIT CELLE QUI FUT CHOISIE
POUR ÊTRE LA MÈRE DE NOTRE DIEU
LE JOYAU DE LA VIRGINITÉ
LE RAMEAU D’AARON FLEURI DE LA RACINE DE JESSÉ
CELLE QUE LES PROPHÈTES ONT ANNONCÉE
CELLE QUE LES JUSTES JOACHIM ET ANNE ONT FAIT FLEURIR
ELLE VIENT AU MONDE
ET AVEC ELLE LE MONDE EST RENOUVELÉ
ELLE NAÎT ET L’ÉGLISE EST REVÊTUE DE SA BEAUTÉ
ELLE EST LE TEMPLE SAINT, LE TABERNACLE DE LA DIVINITÉ
LE CALICE VIRGINAL, LA DEMEURE DU ROI
OÙ S’ACCOMPLIT LE MYSTÈRE ÉTONNANT
L’UNION INEFFABLE DES DEUX NATURES EN CHRIST
ADORONS LE ET CHANTONS LA NAISSANCE DE LA VIERGE.
 

TA NATIVITÉ VIERGE TRÈS PURE
LIBÈRE JOACHIM ET ANNE DE L’OPPROBRE DE LA STÉRILITÉ
ET DÉLIVRE ADAM ET ÈVE DE LA CORRUPTION
AUSSI TON PEUPLE LIBÉRÉ DU PÉCHÉ TE CLAME
« LA STÉRILE ENFANTE LA MÈRE DE DIEU,
LA NOURRICIÈRE DE NOTRE VIE »
 

Magnifie, ô mon âme, la très glorieuse Nativité de la Sainte Mère de Dieu.

TOI QUI DONNAS CORPS EN TON SEIN VIRGINAL
A L’ASTRE DIVIN DONT L’ÉCLAT À PRÉCÉDÉ LE SOLEIL
ET QUI VÉCU AU MILIEU DE NOUS
VIERGE BÉNIE ET MÈRE DE DIEU, NOUS TE MAGNIFIONS.

Magnifie, ô mon âme, la très glorieuse Nativité de la Sainte Mère de Dieu.

    Celui qui a fait jaillir pour le peuple en révolte la source du rocher, nous accorde maintenant la pure Mère de Dieu, fruit du sein stérile, que nous chantons dans la joie.

Magnifie, ô mon âme, la très glorieuse Nativité de la Sainte Mère de Dieu.

    Tu es celle qui efface l’antique malédiction et le relèvement de notre première Mère, réconciliant le genre humain avec Dieu comme un pont vers le Créateur. Mère de Dieu nous te magnifions.

Magnifie, ô mon âme, la très glorieuse Nativité de la Sainte Mère de Dieu.

    Sainte Anne, mère de l’Epouse, tu as produit en ton sein contre tout espoir la fleur virginale, la splendeur de la pureté. C’est pourquoi nous te disons bienheureuse, toi la racine de notre vie.
 
 

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit
et maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen.








    En ton sein, Vierge Mère de Dieu, tu abritas l’un de la Sainte Trinité, le Christ notre Roi, que chante la création et devant qui se prosternent les anges. Intercède auprès de Lui pour que nos âmes soient sauvées.
 

EN JOUR LE DIEU QUI REPOSE SUR LES TRÔNES SPIRITUELS
S’EST PRÉPARÉ SUR TERRE UN TRÔNE SAINT,
CELUI QUI ÉTABLIT LES CIEUX AVEC SAGESSE,
DISPOSE UN CIEL VIVANT DANS SON AMOUR DES HOMMES
IL FAIT SURGIR D’UNE RACINE SANS FRUIT
SA MÈRE PORTEUSE DE LA VIE.
Ô DIEU DES MERVEILLES, ESPÉRANCE DES DÉSESPÉRÉS,
SEIGNEUR DES PUISSANCES GLOIRE À TOI.
 
 

Méditation du Père Lev Gillet
    Comme nous l'avons déjà indiqué, l'année liturgique comporte, outre le cycle des dimanches et le cycle des fêtes commémorant directement Notre Seigneur, un cycle des fêtes des saints. La première grande fête de ce cycle des saints que nous rencontrons après le début de l'année liturgique est la fête de la nativité de la bienheureuse Vierge Marie, célébrée le 8 septembre. Il convenait que, dès les premiers jours de la nouvelle année religieuse, nous fussions mis en présence de la plus haute sainteté humaine reconnue et vénérée par l'Eglise, celle de la mère de Jésus-Christ. Les textes lus et les prières chantées à l'occasion de cette fête nous éclaireront beaucoup sur le sens du culte que l'Eglise rend à Marie.

    Au cours des vêpres célébrées le soir de la veille du 8 septembre, nous lisons plusieurs leçons tirées de l' Ancien Testament. C'est tout d'abord le récit de la nuit passée par Jacob à Luz (Genèse 28: 10-17). Tandis que Jacob dormait, la tête appuyée sur une pierre, il eut un songe : il vit une échelle dressée entre le ciel et la terre, et les anges montant et descendant le long de cette échelle et Dieu lui-même apparut et promit à la descendance de Jacob sa bénédiction et son soutien. Jacob, à son réveil, consacra avec de l'huile la pierre sur, laquelle il avait dormi et appela ce lieu Beth-el, c'est-à-dire « maison de Dieu ». Marie, dont la maternité a été la condition humaine de l'Incarnation, est, elle aussi, une échelle entre le ciel et la terre. Mère adoptive des frères adoptifs de son Fils, elle nous dit ce que Dieu dit à Jacob (pour autant qu'une créature peut faire siennes les paroles du Créateur) : « Je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras...». Elle, qui a porté son Dieu dans son sein, elle est vraiment ce lieu de Beth-el dont Jacob peut dire : « Ce n' est rien de moins qu'une maison de Dieu et la porte du ciel ». La deuxième leçon (Ezéchiel 43: 27 - 44 : 4) se rapporte au temple futur qui est montré au prophète Ezéchiel ; une phrase de ce passage peut s'appliquer très justement à la virginité et à la maternité de Marie : « Ce porche sera fermé. On ne l'ouvrira pas, on n'y passera pas, car Yahvé le Dieu d'Israël y est passé. Aussi sera-t-il fermé ». La troisième leçon (Proverbes 9: 1-11) met en scène la Sagesse divine personnifiée : « La Sagesse a bâti sa maison, elle a dressé ses sept colonnes... Elle a dépêché ses servantes et proclamé sur les hauteurs de la cité...». L'Eglise byzantine et l'Eglise latine ont toutes deux établi un rapprochement entre la divine Sagesse et Marie. Celle-ci est la maison bâtie par la Sagesse; elle est, au suprême degré, l'une des vierges messagères que la Sagesse envoie aux hommes; elle est, après le Christ lui-même, la plus haute manifestation de la Sagesse en ce monde.

    L'évangile lu aux matines du 8 septembre (Luc 1: 39-49, 56) décrit la visite faite par Marie à Elisabeth. Deux phrases de cet évangile expriment bien l'attitude de l'Eglise envers Marie et indiquent pourquoi celle-ci a été en quelque sorte mise à part et au-dessus de tous les autres saints. Il y a d' abord cette phrase de Marie elle-même : « Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses ». Et il y a cette phrase dite par Elisabeth à Marie : « Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». Quiconque nous reprocherait de reconnaître et d'honorer le fait que Marie soit « bénie entre les femmes » se mettrait en contradiction avec l'Ecriture elle-même. Nous continuerons donc, comme « toutes les générations », à appeler Marie « bienheureuse ». Nous ne la séparerons d' ailleurs jamais de son Fils, et nous ne lui dirons jamais « tu es bénie » sans ajouter ou du moins sans penser. « le fruit de tes entrailles est béni ». Et s'il nous est donné de sentir parfois l' approche gracieuse de Marie, ce sera Marie portant Jésus dans son sein, Marie en tant que mère de Jésus, et nous lui dirons avec Elisabeth : « Comment m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? »

    A la liturgie du même jour, nous lisons, ajoutés l'un à l'autre (Luc 10: 38-42 et 11: 27-28), deux passages de l'évangile que l'Eglise répétera à toutes les fêtes de Marie et auxquels cette répétition même donne la valeur d'une déclaration particulièrement importante. Jésus loue Marie de Béthanie, assise à ses pieds et écoutant ses paroles, d' avoir choisi « la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée », car « une seule chose est utile ». Ce n'est pas que le Seigneur ait blâmé Marthe, si préoccupée de le servir, mais Marthe « s'inquiète et s'agite pour beaucoup de choses ». L'Eglise applique à la vie contemplative, en tant que distincte de (nous ne disons pas : opposée à) la vie active, cette approbation donnée à Marie de Béthanie par Jésus. L'Eglise applique aussi cette approbation à Marie, mère du Seigneur, considérée comme le modèle de toute vie contemplative, car nous lisons dans d'autres endroits de l'évangüe selon Luc : «Marie ... conservait avec soin, tous ces souvenirs et les méditait en son coeur... Et sa mère gardait fidèlement tous ces souvenirs en son coeur» (2: 19,51) . N'oublions pas d'ailleurs que la Vierge Marie s'était auparavant consacrée, comme Marthe, et plus que Marthe, au service pratique de Jésus, puisqu'elle avait nourri et élevé le Sauveur. Dans la deuxième partie de l'évangile de ce jour, nous lisons qu'une femme « éleva la voix » et dit à Jésus : «Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les mamelles que tu as allaitées ». Jésus répondit : «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent». Cette phrase ne doit pas être interprétée comme une répudiation de la louange de Marie par la femme ou comme une sous-estimation de la sainteté de Marie. Mais elle met exactement les choses au point ; elle montre en quoi consiste le mérite de Marie. Que Marie ait été la mère du Christ, c'est là un don gratuit, c'est un privilège qu'elle a accepté, mais à l'origine duquel sa volonté personnelle n'a pas eu de part. Au contraire, c'est par son propre effort qu'elle a entendu et gardé la parole de Dieu. En cela consiste la vraie grandeur de Marie. Oui, bienheureuse est Marie, mais non principalement parce qu'elle a porté et allaité Jésus; elle est surtout bienheureuse parce qu'elle a été, à un degré unique, obéissante et fidèle. Marie est la mère du Seigneur ; elle est la protectrice des hommes: mais, d'abord et avant tout cela, elle est celle qui a écouté et gardé la Parole. Ici est le fondement « évangélique » de notre piété envers Marie. Un court verset, chanté après l'épître, exprime bien ces choses : « Alleluia , Ecoute, ô ma fille et vois, et incline ton oreille» (Psaume 45: 10).

    L'épître de ce jour (Philippiens 2 : 4-11) ne mentionne pas Marie. Paul y parle de l'Incarnation : Jésus, qui, « de condition divine... s'anéantit lui-même, prenant condition d' esclave et devenant semblable aux hommes...». Mais il est évident que ce texte a les rapports les plus étroits avec Marie et a été aujourd'hui choisi à cause d'elle. Car c'est par Marie qu'est devenue possible cette descente du Christ en notre chair. Nous revenons donc en quelque sorte à l' exclamation de la femme : « Heureuses les entrailles qui t'ont porté...». Et par suite l'évangile que nous avons lu est comme une réponse et un complément à l'épître: « Heureux... ceux qui écoutent la parole... ».

    Un des tropaires de ce jour établit un lien entre la conception du Christ-lumière, si chère à la piété byzantine, et la bienheureuse Vierge Marie : « Ta naissance, ô vierge mère de Dieu, a annoncé la joie au monde entier, car de toi est sorti, rayonnant, le soleil de justice, Christ, notre Dieu ».

    La fête de la nativité de Marie est en quelque sorte prolongée le lendemain (9 septembre) par la fête de Saint Joachim et Sainte Anne dont une tradition incertaine a fait les parents de la Vierge.
 
 

Textes tirés du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet
("Un moine de l'Eglise d'orient") aux éditions du Cerf
 

Saints Joachim et Anne
Le baiser de Joachim et Anne

Saint Etienne
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