Les Ancêtres du Seigneur

 
    Les Dimanches du Temps de l' Avent, comme nous l' avons déjà dit plusieurs fois, appartiennent au cycle des Dimanches après la Pentecôte et n' ont pas de relation directe avec le mystère de la venue du Seigneur Jésus exprimé par Noël. C'est pourquoi l'Eglise, désireuse de préparer les fidèles à la grande fête de l'Incarnation, a surajouté aux lectures et aux prières des deux Dimanches qui précèdent Noël ( quels que soient ces Dimanches dans l'ordre des Dimanches après la Pentecôte) d'autres textes qui, eux, ont un lien étroit avec l'Avent. Ce sont donc deux « Dimanches avant Noël» en quelque sorte superposés aux deux Dimanches après la Pentecôte avec lesquels ils coincident. En principe, on devrait, ces deux Dimanches, lire d'abord l'épître et l'évangile du Dimanche après la Pentecôte, puis l'épître et l'évangile ajoutés en vue de Noël. Souvent on omet les textes du Dimanche après la Pentecôte et l'on se borne aux lectures et aux prières préparatoires à la Nativité de Notre Seigneur.

    Le premier de ces deux Dimanches est appelé « Dimanche des Ancêtres du Seigneur ». Il est célébré le deuxième Dimanche avant le 25 décembre ; il tombe entre le 11 et le 17 décembre.

    Les «Ancêtres» sont les Patriarches et les Prophètes de l'Ancienne Alliance, depuis Adam jusqu'à Jean le Baptiste. L'Eglise chante : «Réjouissons-nous ensemble, nous les amis des Pères, dans la commémoration de leur souvenir...». On pourrait se demander si ces paroles correspondent à quelque sentiment réel chez la plupart des fidèles. Beaucoup d'entre nous sont devenus étrangers à l'Ancien Testament; ils ne le lisent pas et ne le comprennent pas. Il ne se rendent pas compte que Jésus-Christ est présent, quoique voilé, dans tous les épisodes et tous les textes des Ecritures hébraïques; c'est à lui que tout se rapporte. Ils ne reconnaissent pas dans Abel le premier martyr et le prototype du Bon Pasteur et aussi du Sacrificateur; en Melchisedech la figure du prêtre éternel, en Abraham l'esprit de foi et la figure du Père ; en Isaac l'esprit de filiation et de sacrifice, en Jacob la libre élection, le patient service et la conversion; en Joseph les grands traits de la Passion et de l'oeuvre rédemptrice du Christ. Ils oublient qu'à travers la lecture des Prophètes la voix de Jésus lui-même parle à notre cœur. Ils ne sont pas vraiment «amis des Pères» et ils ne se réjouissent pas à leur souvenir. Demandons à Notre Seigneur, en ce Dimanche, d' ouvrir notre entendement au message de l'Ancienne Alliance et de nous instruire comme il instruisit les disciples d'Emmaus : « Il leur dit : Esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu'ont annoncé les Prophètes... Et commençant par Moise et tous les Prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait.»

    L'épître lue à la liturgie de ce dimanche («Quand le Christ notre vie sera manifesté...») (Colossiens 3:4-11) est celle assignée au 29e Dimanche après la Pentecôte. L'évangile est celui du 28e Dimanche après la Pentecôte : «Un homme donnait un grand dîner...» (Luc 14 : 16-24). Ces textes se rapportent à la Nativité du Christ plutôt qu'aux Ancêtres. Le chant appelé kondakion fait lui aussi une allusion directe à Noël : «La Vierge vient en ce jour enfanter dans une grotte, d'une manière indicible, le Verbe...».

le saint prophète Daniel
Le prophète Daniel

    Un trait particulier de ce Dimanche est la mention fréquente que les chants de l'office font du prophète Daniel ainsi que des trois jeunes hommes, Ananias, Azarias et Misael, jetés dans une fournaise pour n'avoir pas adoré l'image du roi Nabuchodonosor et préservés miraculeusement de la mort. Cette insistance s'explique par le fait que la fête de Daniel et des trois jeunes hommes tombe le 17 décembre, donc très près de ce dimanche. Les textes liturgiques eux-mêmes dégagent le sens symbolique de l'épisode. D'une part, les trois jeunes hommes (comme les trois anges qui apparurent à Abraham) représentent la Trinité : «Les jeunes gens de Dieu allaient et venaient dans la fournaise ardente, se réjouissant de la rosée de l'Esprit qui les rafraîchissait et figurant le mystère de la Trinité...». Ils représentent la victoire de la foi sur la mort : «Ils apaisaient par leur foi la puissance du feu». Enfin ils représentent - et ici se trouve le rapport avec Noël - le nouveau buisson ardent, le feu de la présence divine qui ne consume pas: «tes jeunes gens, ô Christ, quand ils étaient dans la fournaise, comme sous la rosée, figuraient mystérieusement ta naissance de la Vierge qui nous a illuminé sans nous brûler».
    On se rappelle que, d'après la Bible, les trois jeunes gens n'étaient pas seuls dans la fournaise : " Mais, je vois quatre hommes en liberté qui se promènent dans le feu... et le quatrième à l'aspect d'un fils de Dieu ". Ces derniers mots éclairent le problème de la souffrance humaine. Le Fils de Dieu se met toujours avec les hommes au milieu du feu.
 

père Lev
Extraits du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet
("Un moine de l'Eglise d'Orient") aux éditions du Cerf
 
 

Les 3 saints adolescents

Les trois Adolescents dans la fournaise

 
Saint Etienne
Retour Retour à la page précédente.