Saints Hiérarques
Basile le Grand, Grégoire le Théologien
et Jean Chrysostome
 

Les Trois Saints Hiérarques

Méditation du Père Lev
    Le cycle des fêtes de saints de cette période contient des commémorations auxquelles nous aimerions nous arrêter : ainsi celle de Grégoire de Nysse (10 janvier), celle des premiers ermites Paul (15 janvier) et Antoine (17 janvier), celle des patriarches Athanase et Cyrille d'Alexandrie (18 janvier), celle d'Ephrem de Syrie (28 janvier) et celle du grand martyr «Théophore» Ignace d'Antioche (29 janvier). Mais il faut nous limiter. Nous dirons quelques mots d'une fête que l'Eglise traite comme plus grande encore, celle de Saint Basile le Grand, de Saint Grégoire le Théologien et de Saint Jean Chrysostome, vénérés tous trois le 30 janvier.

    «Honorons, comme il convient, ces instruments de la grâce, ces cithares de l'Esprit... exemples de la véritable louange... orgueil des pères, tours de Ia foi et docteurs des croyants... rayons et lampes illuminés par l'Aurore trois fois ensoleillée... fleurs parfumées du Paradis...». C'est en ces termes de piété lyrique que l'Eglise chante les trois grands docteurs de l'Orient byzantin. L'évangile lu à matines est celui du bon Pasteur (Jean 10. 9-16), qu'on lit toujours lors des fêtes des saints évêques. L'épître lue à la liturgie (Hébreux 13. 17-21) nous parle aussi des pasteurs de l'Eglise: « Obéissez à vos chefs et soyez-leur dociles, car ils veillent sur vos âmes, comme devant en rendre compte...». L'évangile (Matthieu 5: 14-19) nous rappelle ce que Notre-Seigneur disait aux disciples : «Vous êtes la lumière du monde...».

    Pourquoi l'Eglise byzantine a-t-elle choisi Basile, Grégoire de Naziance et Chrysostome comme les représentants par excellence du ministère pastoral et du ministère doctrinal ? Tous trois sont des pères de l'Eglise, et l'on sait que l'Eglise orthodoxe aime à se dire l'Eglise des pères, l'Eglise qui veut s' attacher avec piété à la tradition patristique. Mais il y a beaucoup d'autres pères de l'Eglise, et parmi eux beaucoup de martyrs et beaucoup de docteurs peut-être plus géniaux, plus originaux que les «trois hiérarques ». Peut-être est-ce précisément la doctrine commune et la voie commune que l'Eglise a voulu honorer en Basile, Grégoire et Jean. Leur enseignement et leur vie constituent des normes très sûres d' « orthodoxie». Un Ignace d' Antioche, un Origène, un Grégoire de Nysse, un Augustin ont quelque chose de plus éclatant. Mais, plus que les trois hiérarques, ils sont de splendides «cas individuels,» et ils représentent une expérience plus rare. Basile, Grégoire et Jean expriment la tradition byzantine en ce qu'elle a de plus accessible; ils suivent d'une manière éminente ce qu'on pourrait appeler la «ligne générale». D'autre part, chacun des trois hiérarques a sa physionomie propre. L'Eglise honore en chacun de ces trois pères du IVe siècle des dons spéciaux et des missions diverses.
    Saint Basile, en tant qu' évêque, s' est montré le protecteur des faibles et l'organisateur de la charité; législateur monastique, il a réagi contre certains excès ascétiques et individualistes du «désert» et institué un cénobitisme tempéré, régulier, faisant place aux oeuvres d' éducation et de miséricorde; défenseur de la divinité du Fils et de celle du Saint-Esprit contre les hérétiques, il n' a jamais voulu être un polémiste agressif et n'a pas craint de ménager la foi hésitante de certains fidèles et de se montrer conciliant dans l'emploi des mots, pourvu qu'il n'y eût aucun doute quant au sens.
    Saint Grégoire de Naziance, âme tendre, gracieuse, mal préparée aux luttes de la vie pratique, orateur, poète, théologien - et tel que l'Eglise grecque l' a nommé « le Théologien », - a défendu avec vigueur le dogme de la Trinité et a mérité ce témoignage d'un des écrivains de l'Eglise ancienne : «C'est une preuve manifeste d'erreur dans la foi que de ne pas s'accorder avec la foi de Grégoire ».
    Saint Jean Chrysostome, maître de la parole et pasteur d'âmes, savait apaiser son peuple, fléchir le courroux impérial contre les rebelles, donner asile à un eunuque brutalement disgracié, résister en face à une nouvelle Jézabel, une nouvelle Hérodiade; injustement condamné par les évêques et banni par le pouvoir civil, il devait mourir des fatigues physiques qu'il subit sur la route de l'exil; mais la leçon que nous avons surtout reçue de la «bouche d'or» , c'est une sorte de moralisme «évangélique», l'attachement à la Sainte Ecriture que commentait avec tant d' assiduité ce fidèle admirateur de l'apôtre Paul, la prédication de l'aumône et de la charité. L'effort monastique de Basile, la haute théologie de Grégoire, l' évangélisme pratique de Chrysostome : tels sont les messages conjoints que nous apporte la fête des trois hiérarques, interprète des trois grands aspects de l'Orthodoxie. Rappelons-nous que les Pères de l'Eglise demeurent aujourd'hui encore nos pères, et des pères aimants, préoccupés du salut de leur fils, et répétons aux trois hiérarques ce que l'Eglise leur dit à matine: « O pères bénis veillez même après votre mort, sur nous qui vous louons ! ».


 

père Lev


Cette page a été préparée par la Paroisse
St-Etienne et St-Germain à Vézelay

Cette page a été préparée par la Paroisse Saint Etienne Saint Germain de Vézelay.

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