L'ASCENSION
de
Notre Seigneur Dieu
et Sauveur Jésus-Christ
TROPAIRE
TU
T'ES ÉLEVÉ DANS LA GLOIRE,Ô CHRIST
NOTRE DIEU,AYANT
REMPLI DE JOIE TES
DISCIPLES PAR LA PROMESSE DU SAINT-ESPRIT,
CONFIRMÉE PAR TA
BÉNEDICTION ; CAR TU ES LE FILS
DE DIEU, LE LIBÉRATEUR
DE L’UNIVERS.
KONDAKION
AYANT
ACCOMPLI TON DESSEIN A NOTRE ÉGARD
ET AYANT UNI CEUX QUI SONT
SUR TERRE À CEUX DU CIEL,
TU T'ES ÉLEVÉ DANS
LA GLOIRE,Ô CHRIST NOTRE DIEU,
POUR NE PLUS T'EN ÉLOIGNER
MAIS POUR Y DEMEURER SANS
CESSE EN CRIANT A CEUX QUI T'AIMENT :
JE SUIS AVEC VOUS ET PERSONNE
NE PREVAUDRA CONTRE VOUS.
Epitre
de la Liturgie (Actes 1, 1-12)
Théophile, j'ai parlé, dans mon premier livre,
de tout ce que Jésus a commencé de faire et
d'enseigner dès le commencement jusqu'au jour où
il fut enlevé au ciel, après avoir donné
ses ordres, par le Saint Esprit, aux apôtres qu'il avait
choisis.
Après qu'il
eut souffert, il leur apparut vivant, et leur en donna plusieurs
preuves, se montrant à eux pendant quarante jours,
et parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu.
Comme il se trouvait
avec eux, il leur recommanda de ne pas s'éloigner de
Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait
promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il; car
Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours,
vous serez baptisés du Saint Esprit. Alors les apôtres
réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en
ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël?
Il leur répondit: Ce n'est pas à vous de connaître
les temps ou les moments que le Père a fixés
de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance,
le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins
à Jérusalem, dans toute la Judée, dans
la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.
Après avoir
dit cela, il fut élevé pendant qu'ils le regardaient,
et une nuée le déroba à leurs yeux. Et
comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant
qu'il s'en allait, voici, deux hommes vêtus de blanc
leur apparurent, et dirent: Hommes Galiléens, pourquoi
vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus,
qui a été enlevé au ciel du milieu de
vous, viendra de la même manière que vous l'avez
vu allant au ciel.
Alors ils retournèrent
à Jérusalem, de la montagne appelée des
Oliviers, qui est près de Jérusalem, à
la distance d'un chemin de Sabbat.
Evangile
de la Liturgie ( Luc 24, 36-53)
Tandis
qu'ils parlaient de la sorte, Lui-même se présenta
au milieu d'eux, et leur dit: La paix soit avec vous!
Saisis de frayeur
et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit. Mais il
leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi
pareilles pensées s'élèvent-elles dans
vos coeurs? Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi; touchez-moi
et voyez: un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que
j'ai. Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.
Comme, dans leur
joie, ils ne croyaient point encore, et qu'ils étaient
dans l'étonnement, il leur dit: Avez-vous ici quelque
chose à manger? Ils lui présentèrent du
poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il mangea
devant eux.
Puis il leur dit:
C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais
encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce
qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans
les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit
l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures.
Et il leur dit:
Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il
ressusciterait des morts le troisième jour, et que la
repentance et le pardon des péchés seraient prêchés
en son nom à toutes les nations, à commencer par
Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses.
Et voici, j'enverrai
sur vous ce que mon Père a promis; mais vous, restez
dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus
de la puissance d'en haut.
Il les conduisit
jusque vers Béthanie, et, ayant levé les mains,
il les bénit. Pendant qu'il les bénissait, il
se sépara d'eux, et fut enlevé au ciel.
Pour eux, après
l'avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem
avec une grande joie; et ils étaient continuellement
dans le temple, louant et bénissant Dieu.
Méditation
du Père Lev Gillet
Le mercredi qui suit le
cinquième dimanche après Pâques est le jour
où, selon la terminologie liturgique, nous «prenons
congé» de la fête de Pâques. Nous commémorons
le dernier jour de la présence physique du Christ ressuscité
parmi ses disciples; et pour honorer cette présence, pour
honorer encore une fois la Résurrection, l'Eglise, en ce
mercredi, répète intégralement l' office
du Dimanche Pascal. Et maintenant nous touchons au quarantième
jour aprês Pâques, au Jeudi où l'Eglise célèbre
la fête de l' Ascension .
Trois leçons de l' Ancien Testament sont lues aux vêpres
de l' Ascension, le mercredi soir. La première leçon
(Isaie 2:2-3) nous parle d'une montagne : «Il adviendra
dans l'avenir que le mont du Temple du Seigneur sera établi
au sommet des montagnes... Toutes les nations y afflueront...
Venez, montons à la montagne du Seigneur». C'est
une allusion au Mont des Oliviers, d'où Jésus s'éleva
vers son père.
La deuxième leçon (Isaie,
62:10-63:3, 7-9) a été choisie à cause des
paroles suivantes : «Franchissez, franchissez les portes
, Frayez un chemin au peuple...Dans son amour et sa pitié,
lui-même les racheta; Il se chargea d'eux, les porta...».
Jésus montant aux cieux ouvre les portes à son peuple,
lui prépare la route, le porte et l'élève
avec lui.
La troisième leçon (Zacharie,
14:1,4,8-11) est encore une allusion au mont qui fut la scène
du triomphe final de Jésus : «Voici qu'un jour vient
pour le Seigneur... Ses pieds, en ce jour, se poseront sur la
montagne des oliviers, qui fait face à Jérusalem
du côté de l'Orient... En ce jour-là, des
eaux vives sortiront de Jérusalem...».
Les matines de l' Ascension sont déjà, dans leurs
chants, pleines d' allusions à l'Esprit consolateur que
Jésus va envoyer. L' Ascension prélude à
la Pentecôte.
A la liturgie, nous lisons le début
du livre des Actes (1:1-12). Jésus, après un dernier
entretien avec ses apôtres, s' élève et disparait
dans un nuage. L' évangile de la liturgie (Luc, 24:36-53)
reprend le récit des événements depuis la
première apparition de Jésus ressuscité à
l'assemblée des disciples et continue ce récit jusqu'à
l'ascension proprement dite.
Il est rare, si l' on a sincèrement vécu la joie
du temps pascal, que l' on n' éprouve pas un certain serrement
de coeur lorsqu' arrive le jour de l' Ascension. Nous savons bien
que c' est une des très grandes fêtes chrétiennes;
et, malgré nous, il nous semble que c' est là un
départ, une séparation, et qu' ensuite Notre-Seigneur
n'est plus présent tout-à-fait de la même
manière. Les disciples n'ont pas réagi ainsi. Ils
auraient pu être accablés de tristesse.
Au contraire «ils revinrent à Jérusalem
en grande joie». Essayons d'entrer, nous aussi, dans cette
joie de l' Ascension. Pourquoi l' Ascension apporte-t-elle de
la joie aux Chrétiens ?
Tout d' abord parce que la gloire de Notre-Seigneur doit nous
être chère. Or l' Ascension couronne sa mission terrestre.
Il a accompli sur terre toute la mission qu'il avait reçue
du Père. C' est vers le Père qu'il tend de son être.
Maintenant il va recevoir du Père l'accueil que mérite
sa victoire sur le péché et la mort, - victoire
si douloureusement acquise. Maintenant il va être glorifié
dans le ciel. La gloire et les désirs de Notre-Seigneur
doivent être plus importants pour nous que les «consolations
sensibles» que nous pouvons recevoir de sa présence.
Sachons aimer assez Notre-Seigneur pour nous réjouir de
sa propre joie.
Puis l' Ascension marque l'acceptation par Dieu de toute l'oeuvre
réparatrice du Seigneur. La Résurrection avait été
le premier signe éclatant de cette acceptation. La Pentecôte
en sera le dernier signe. La nuée qui aujourd'hui enveloppe
Jésus et monte avec lui vers le ciel représente
la fumée de l'holocauste s'élevant de l'autel vers
Dieu. Le sacrifice est accepté. La victime est admise auprès
du Père. Elle y continuera son oblation d'une manière
éternelle et céleste. L'oeuvre de notre salut est
accomplie et bénie.
Jésus ne revient pas isolé vers son Père.
C'est le Logos incorporel qui était descendu parmi les
hommes. Mais aujourd'hui c'est la Parole faite chair, à
la fois vrai Dieu et vrai Homme, qui entre dans le royaume des
cieux. Jésus y introduit la nature humaine dont il s'est
revêtu. Il ouvre les portes du royaume à l'humanité.
Nous prenons, en quelque sorte par procuration, possession des
biens qui nous sont offerts et possibles. « [Dieu] nous
a ressuscités et fait asseoir aux cieux dans le Christ
Jésus ». Des places nous sont destinées dans
le royaume si nous sommes fidèles. Notre présence
y est désirée et attendue.
L' Ascension nous rend plus présente, plus actuelle, la
pensée du ciel . Pensons-nous assez à notre demeure
permanente ? Pour la plupart des chrétiens la vie dans
le ciel n'est qu'un supplément - qu'ils se représentent
très mal - de la vie terrestre. La vie dans le ciel serait
en quelque sorte le post-scriptum, l' appendice d'un livre dont
la vie terrestre serait le texte même. Mais c'est le contraire
qui est vrai. Notre vie terrestre n' est que la préface
du livre. La vie dans le ciel en sera le texte, et ce texte n'
aura pas de fin. Pour employer une autre image, notre vie terrestre
n' est qu'un tunnel, étroit et obscur - et très
court - qui débouche dans un paysage magnifique et ensoleillé.
Nous pensons trop à ce qu'est maintenant notre vie. Nous
ne pensons pas assez a ce qu'elle sera. «Nulle oreille n'a
entendu, nul oeil n'a vu... ce que Dieu a préparé
pour ceux qui l'aiment ». Aux matines de cette fête,
nous avons chanté : «Nous qui vivons dans ce monde,
fêtons comme les anges...». C'est-à-dire :
pensons davantage aux anges, essayons d'entrer dans leurs sentiments,
éprouvons quelque chose de ce qu' eux-mêmes éprouvèrent,
lorsque le Seigneur revint près du Père; transportons-nous
d' avance auprès de la Bienheureuse Vierge Marie et des
Saints glorifiés, qui seront nos vrais concitoyens : «
Pour nous notre cité se trouve dans les cieux, d' où
NOUS attendons Jésus-Christ...». Notre vie serait
transformée si, dès maintenant, nous jetions nos
coeurs de l'autre côté de la barrière, au-delà
de ce monde, dans le royaume où se trouve non seulement
notre vrai bien, mais le vrai bien de ceux que nous aimons.
Les disciples, après avoir été séparés
de Jésus, demeuraient pleins d'espoir, parce qu'ils savaient
que l'Esprit allait leur être donné. «Il leur
enjoignit de ne pas quitter Jérusalem mais d'y attendre
ce que le Père avait promis ». La nuée recouvre
Jésus, mais cette nuée se colore déjà
du feu de la Pentecôte. Jésus, en partant, nous fixe
dans une attitude, non de regret, mais d'attente joyeuse et confiante.
Le départ de Jésus a été, un acte
de bénédiction et un acte d' adoration, l'un correspondant
à l' autre : «Or, tandis qu'il les bénissait,
il se sépara d' eux et fut emporté au ciel... Pour
eux s'étant prosternés devant lui, ils revinrent
à Jérusalem en grande joie ». Telle devrait
être pour nous la fête de l' Ascension. Si Jésus
s' éloigne sur un geste de bénédiction, et
si nous adorons Jésus s'éloignant ( nous parlons
selon les apparences), nous nous relèverons pleins d'une
force nouvelle - provenant de cette adoration, de cette bénédiction
- et nous rentrerons, comme les apôtres, «en grande
joie».
Texte extrait du livre "L'an de grâce
du Seigneur" du Père Lev Gillet
("Un moine de l'Eglise d'orient") aux éditions
du Cerf
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