LA PENTECÔTE

La Pentecôte

Tropaire

 TU ES BÉNI Ô CHRIST NOTRE DIEU
TOI QUI REMPLIS DE SAGESSE LES PÊCHEURS DU LAC
LEUR ENVOYANT L’
ESPRIT SAINT
PAR EUX
TU PRIS AU FILET L’UNIVERS
GLOIRE À
TOI Ô AMI DES HOMMES

Kondakion

    LORSQU’IL DESCENDIT POUR CONFONDRE LES LANGUES,
LE
TRÈS-HAUT DISPERSA LES GENTILS ;
LORSQU'IL PARTAGEA LES LANGUES DE FEU,
IL NOUS A TOUS APPELÉS À L'
UNITÉ.
D'UNE SEULE VOIX LOUONS LE TRÈS
SAINT-ESPRIT.
Evangile de la Liturgie ( Jean 7: 37-52, 8:12)

    Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s'écria: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Ecriture.
    Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.
    Des gens de la foule, ayant entendu ces paroles, disaient: Celui-ci est vraiment le prophète. D'autres disaient: C'est le Christ. Et d'autres disaient: Est-ce bien de la Galilée que doit venir le Christ? L'Ecriture ne dit-elle pas que c'est de la postérité de David, et du village de Bethléhem, où était David, que le Christ doit venir? Il y eut donc, à cause de lui, division parmi la foule.
    Quelques-uns d'entre eux voulaient le saisir, mais personne ne mit la main sur lui. Ainsi les huissiers retournèrent vers les principaux sacrificateurs et les pharisiens. Et ceux-ci leur dirent: Pourquoi ne l'avez-vous pas amené?
    Les huissiers répondirent: Jamais homme n'a parlé comme cet homme.
    Les pharisiens leur répliquèrent: Est-ce que vous aussi, vous avez été séduits? Y a-t-il quelqu'un des chefs ou des pharisiens qui ait cru en lui? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits!
    Nicodème, qui était venu de nuit vers Jésus, et qui était l'un d'entre eux, leur dit: Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il a fait? Ils lui répondirent: Es-tu aussi Galiléen? Examine, et tu verras que de la Galilée il ne sort point de prophète.
    Jésus leur parla de nouveau, et dit: Je suis la Lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la Lumière de la vie.
   

Epitre de la Liturgie ( Actes 2:1-11)

    Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu.
Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux.
    Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.
    Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue.
    Ils étaient tous dans l'étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres: Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle? Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l'Égypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu?
 

Méditation du Père Lev

Textes extraits de l'Office des Matines
Lucernaire

    TU RENOVAS TES DISCIPLES, SEIGNEUR,
PAR LES LANGUES DES PAIENS

AFIN QU' ILS TE PROCLAMENT EN CES LANGUES

COMME LE DIEU ET VERBE IMMORTEL //

QUI NOUS ACCORDE SA GRANDE MISÉRICORDE

    TOUTE GRÂCE VIENT DU SAINT ESPRIT:
IL EST LA SOURCE DES PROPHÉTIES,

IL INITIE LES PRÊTRES ET CONFÈRE LA

SAGESSE AUX ILLÉTTRÉS,

IL TRANSFORME EN THÉOLOGIENS DE

SIMPLES PÉCHEURS

IL AFFERMIT LGLISE RASSEMBLÉE.

PARACLET CONSUBSTANTIEL AU PÈRE ET AU FILS

ET PARTAGEANT LE MÊME TRONE AVEC EUX, //

SEIGNEUR, GLOIRE À TOI
.

    NOUS AVONS VU LA VAIE LUMIÈRE,
NOUS AVONS REÇU L'ESPRIT CELESTE,

NOUS AVONS TROUVÉ LA FOI VÉRITABLE

ADORONS L'INDIVISIBLE TRINITÉ: //

CAR C'EST ELLE QUI NOUS A SAUVÉS.

Litie

    PAR LES PROPHÈTES, SAUVEUR,
TU NOUS ANNONÇAS LA VOIE DU SALUT,

EN TES APÔTRES A BRILLÉ LA GRÂCE DE TON ESPRIT,

CAR TU ES LE DIEU D’AVANT LES SIÈCLES //

ET POUR LES SIÈCLES TU ES NOTRE DIEU.

    LORSQUE, SEIGNEUR, TU ENVOYAS TON ESPRIT SUR LES APÔTRES
LES ENFANTS D'ISRAËL FURENT SAISIS DE FRAYEUR;

ILS LES ENTENDIRENT PARLER DES LANGUES

INCONNUES

SELON QUE L'ESPRIT LE LEUR DONNAIT;

DE SIMPLES QU'ILS ETAIENT, ILS S'EMPLIRENT

DE SAVOIR;

DANS LEURS FILETS ILS PRIRENT LES NATIONS,

LES CONDUISANT VERS LA FOI

ET LEUR EXPLIQUANT LES MYSTERES DIVINS;

C'EST POURQUOI NOUS AUSSI, NOUS TE CHANTONS :

TOI QUI ES APPARU SUR TERRE

ET NOUS AS SAUVÉS DE L'ERREUR //

SEIGNEUR, GLOIRE A TOI.

Apostiches

    COMME ELLES IGNORAIENT LA PUISSANCE DE L'ESPRIT SAINT
COMMUNIQUÉE A TES APÔTRES, SEIGNEUR,

LES FOULES PRIRENT POUR IVRESSE

LE CHANGEMENT QUI FUT OPÉRÉ EN LEUR LANGUE

MAIS NOUS QUE LEUR PAROLE A CONFIRMÉS

SANS CESSE, AMI DES HOMMES, NOUS TE PRIONS AINSI:

N'ÉLOIGNE PAS DE NOUS TON SAINT ESPRIT.

 
 

ROI CELESTE, CONSOLATEUR,
ESPRIT DE VÉRITÉ,

TOI QUI EST PARTOUT PRÉSENT

ET QUI EMPLI TOUT

TRESOR DE BIEN ET DONATEUR DE VIE,

 VIENS ET DEMEURE EN NOUS,

PURIFIE-NOUS DE TOUTE SOUILLURE

ET SAUVE NOS AMES, TOI QUI ES BONTÉ.

1ère Ode

    ENVELOPPÉ DE LA NUÉE DIVINE,
L'HOMME AU VERBE MALHABILE

ENSEIGNA LA LOI ÉCRITE PAR DIEU

ET SECOUANT LA POUSSIÈRE DE SES YEUX,  IL VOIT CELUI QUI EST

ET SE LAISSE INITIER A LA CONNAISSANCE DE L'ESPRIT,

LE CÉLÉBRANT PAR DES HYMNES INSPIRÉES.

    Ce qui fut jadis annoncé par les prophètes et par la loi en ce jour est accompli, car la grâce de l' Esprit  repose sur tout fidèle.

    La bouche sainte et vénérable a dit : je ne me séparerai pas de vous, mes amis; siégeant sur le trône du Père dans les cieux, je répandrai en abondance la grâce de l' Esprit pour éclairer ceux qui la désirent de tout coeur.

    Ayant gravi la montagne, le Verbe accomplit le désir serein de son coeur; car, son oeuvre achevée, le Christ rejoint ses amis en leur donnant selon sa promesse l'Esprit divin.sous le souffle violent et sous les langues de feu

9ème Ode

    TOI QUI AS CONÇU EN TOUTE PURETÉ
ET EN QUI S'EST INCARNÉ LE VERBE CRÉATEUR DE L'UNIVERS,

ÉPOUSE INÉPOUSÉE, VIRGINALE MÈRE DE DIEU,

HABITACLE DE CELUI QUE NUL NE  PEUT CERNER,

DEMEURE DE L'INFINI, TON CRÉATEUR,

NOUS TE MAGNIFIONS.

    Celui qui fut enlevé jadis sur un char de feu, le prophète plein de zèle, figurait la venue de l'Esprit qui descend du ciel sur les Apôtres en ce jour et, rayonnants de ce feu, ils ont fait connaître la Trinité à tous les hommes

    Les lois de la nature sont dépassées : peuples et nations entendant les merveilles de Dieu et sont initiés à la connaissance de la sainte Trinité par la grâce de l'Esprit résonnant de l'unique voix des Apôtres

    Nous tous sur qui la grâce divine a soufflé, rayonnants de lumière et contemplant la Sagesse de l'indivisible Trinité, nous glorifions son triple rayonnement.

    Je veux chanter la source virginale de la Vie qui  a accueilli en son sein  le Verbe qui sauve le genre humain et qui nous envoie maintenant de la droite du Père la grâce de l'Esprit.

Exapostilaire

    TRÈS SAINT ESPRIT
QUI PROCÈDES DU PÈRE

ET ES VENU PAR LE FILS SUR LES DISCIPLES ILLETTRÉS,

SAUVE ET SANCTIFIE  TOUS CEUX QUI TE RECONNAISSENT COMME DIEU.


Laudes

    TOUS LES PEUPLES ONT VU LES MERVEILLES EN CE JOUR DANS LA CITE DE DAVID
LORSQUE L'ESPRIT SAINT DESCENDIT SOUS LA FORME DE LANGUES DE FEU

COMME SAINT LUC NOUS L'A RAPPORTE

LES DISCIPLES DU CHRIST SE TROUVANT TOUS REUNIS,

SOUDAIN RETENTIT DU CIEL UN FRACAS,

UNE VIOLENTE BOURRASQUE DE VENT

ET CE BRUIT REMPLIT TOUTE LA MAISON OU ILS SIEGEAIENT

ET TOUS ILS SE MIRENT A PARLER EN LANGUES ETRANGERES

POUR ENSEIGNER LA DOCTRINE NOUVELLE DE LA SAINTE TRINITE.

    L'ESPRIT SAINT, LUMIERE ET VIE,

EAU VIVE QUI JAILLIT MYSTIQUEMENT,

ESPRIT DE SAGESSE, DE SCIENCE, DE BONTE,

INTELLIGENCE SOUVERAINE PURIFIANT LES PECHES;

IL EST DIEU ET NOUS DEIFIE;

FEU JAILLISSANT DU FEU, AGISSANT ET REPANDANT LES CHARISMES DIVINS;

PAR LUI TOUS LES PROPHETES ET LES APOTRES DE DIEU ONT REÇU LA COURONNE EN COMPAGNIE DES MARTYRS

ETRANGE VISION, PRODIGE INOUÏ

LE FEU SE DIVISE POUR LE PARTAGE DES DONS.

 
 

ROI CELESTE, CONSOLATEUR,
ESPRIT DE VÉRITÉ,

TOI QUI EST PARTOUT PRÉSENT

ET QUI EMPLI TOUT

TRESOR DE BIEN ET DONATEUR DE VIE,

 VIENS ET DEMEURE EN NOUS,

PURIFIE-NOUS DE TOUTE SOUILLURE

ET SAUVE NOS AMES, TOI QUI ES BONTÉ.



 

Méditation du Père Lev Gillet

 
    «Voici que nous célébrons la fête de la Pentecôte, la venue de l'Esprit, l' accomplissement de la promesse ainsi que de notre espérance ». C'est en ces termes que l'Eglise, aux vêpres de la Pentecôte, le samedi soir, nous invite à entrer dans l'atmosphère de cette très grande fête que nous célébrons le septième Dimanche après Pâques et qui n'est pas inférieure à Pâques elle-même.

    Au cours de ces vêpres du samedi soir avant la Pentecôte, trois lectures de l'Ancien Testament nous préparent à la fête. La lecture du livre des Nombres nous montre Moïse choisissant, sur l'ordre de Dieu, soixante-dix anciens auxquels Dieu communiqua une part de l'esprit qu'il avait donné à Moïse. Ils se tenaient près du tabernacle, «quand l'Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent...». Et, quand Josué demanda à Moïse de réduire au silence deux hommes qui prophétisaient sans être venus vers le tabernacle, Moise répondit : «Serais-tu jaloux pour moi ? Ah , Puisse tout le peuple de Yahvé être prophète, Yahvé leur donnant son Esprit !». La lecture du prophète Joël prédit ce qui arriva lors de la première Pentecôte chrétienne : «Après cela je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens, des visions. Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit». La lecture du prophète Ezéchiel annonce elle aussi un renouvellement intérieur : «... Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre chair le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai mon esprit en vous...».

    Aux matines de la Pentecôte, chantées le samedi soir ou le Dimanche matin, nous lisons un des évangiles racontant les apparitions de Jésus ressuscité. Dans ce passage (]ean 20:19-31), nous voyons une première descente de l'Esprit sur les disciples : «... Il []ésus] souffla sur eux et leur dit : Recevez l'Esprit Saint...". Cette première venue de l'Esprit n'est pas moins réelle que celle du jour de la Pentecôte. La différence est que, le jour de la Pentecôte, l'Esprit descendit sur eux avec «puissance». Il y a la même différence entre la venue du Saint-Esprit sur un chrétien baptisé, au moment où il reçoit le sacrement de chrismation ou confirmation, et ce baptême de l'Esprit dont nous reparlerons et que certains chrétiens obtiennent à un stade avancé de la vie spirituelle.

    A la liturgie, le Dimanche matin, nous lisons, au lieu d'épître, le récit des événements de la Pentecôte tels que les décrit le livre des Actes des Apôtres (2 :1-11). Certains aspects de ce récit appellent particulièrement notre attention.

    «Le jour de la Pentecôte étant arrivé...». La Pentecôte est à la fois un achèvement et un début. Une voie nouvelle s'ouvrait devant les disciples, mais ils s'y étaient préparés. Nous ne pouvons pas entrer en quelque sorte dans la Pentecôte à l'improviste. Il nous faut d' abord avoir assimilé toute la substance spirituelle que nous offrent les cinquante jours compris entre Pâques et Pentecôte. Il nous faut déjà avoir eu l'expérience du Christ ressuscité. Il faut avoir traversé les jours de la Passion. Bref, il faut avoir mûri.

    «Ils se trouvaient tous ensemble...». Quelques autres versets du livre des Actes nous dépeignent les Onze, assemblés «dans la chambre haute», avec Marie, mère de Jésus et les femmes. C'était l'Eglise naissante. Ils priaient tous ensemble. Nous trouvons là les conditions nécessaires à la réception du Saint-Esprit. Il nous faut, à certains moments, nous retirer du monde et nous enclore dans la chambre haute de notre âme. Là nous devons prier. Et nous devons nous unir à la prière et à la foi de toute l'Eglise. Nous devons être «ensemble» avec les apôtres et avec la mère de Jésus. Qui veut ignorer l' autortté des apôtres ou se passer de la présence maternelle de Marie ne peut recevoir le Saint-Esprit.

    «Quand, tout à coup, vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent... ». Le Saint-Esprit est un souffle, un vent. Ce qui importe pour nous, ce n'est pas de nous émerveiller devant la puissance de ce souffle, mais de nous soumettre entièrement à lui et de nous laisser «pousser» par l'Esprit comme Jésus aux jours de sa vie terrestre. Que ce souffle nous dirige où il veut. Rappelons-nous aussi que ce souffle est lui-même "dirigé". Il n'est pas une force indépendante et incohérente. Jésus a soufflé le Saint-Esprit sur ses disciples. Mais ce souffle procède d'abord de la bouche du Père. Il est une obéissance à Dieu. En obéissant aux impulsions de l'Esprit (le vent bruyant n'est qu'un symbole extérieur et rare, l'impulsion intérieure est la réalité), nous participons à l'obéissance de l'Esprit lui-même, procédant Pu père, envoyé par le Fils.

    «Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu; elles se divisaient et il s'en posa une sur chacun d'eux». Le Saint-Esprit apparaît sous la forme de langues. La Pentecôte remédie à la dispersion et confusion des langues, produit de l'effort orgueilleux de la tour de Babel. Elle rétablit l'unité du langage humain. Les disciples seront compris par tous les étrangers venus à Jérusalem, Parthes, Mèdes et Cappadociens, et ceux-ci s'étonneront d'entendre comme dans leur propre langue les discours de ces Galiléens. Le langage de l'Esprit - du moins son sens intérieur - est aujourd'hui encore accessible à tous les hommes, à toutes les races, à toutes les nations; le même Esprit transmet un message universel, que chaque âme reconnait cependant comme le sien propre.
    D' autre part, encore de nos jours, celui en qui le Saint-Esprit agit devient capable, sinon de s' exprimer en langues étrangères, du moins de trouver la «langue» psychologique qui aura une résonance chez chacun et ouvrira son coeur. Le «dialogue» devient ainsi possible. Ce sont des langues de feu qui se posèrent sur les disciples. Ces langues impliquent une charité brûlante. La parole semble conditionnée par la flamme. Enfin les langues sont également distribuées. Elles ne sont pas le privilège de Pierre, ou de Marie, ou des Onze. Elles se posent sur tous ceux qui sont présents dans la chambre haute, et cependant ces langues enflammées sont un seul et même feu. Ainsi se trouve résolu dans l'Eglise le problème de l'unité et des personnes. Ni l'une ni les autres ne sont sacrifiées.

    «Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint...». Cette soudaine et complète invasion de l' âme entière par le Saint-Esprit, accompagnée d'une force nouvelle, extraordinaire, constitue le «baptême du Saint-Esprit», différent à la fois du baptême d' eau et de l' onction par laquelle l'Eglise communique l'Esprit. Il y a là une réalité que nous avons trop perdue de vue, mais sur laquelle l'Ecriture insiste et vers laquelle notre attention devrait être rappelée .

    «Et ils commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer...». Nous avons déjà indiqué l'importance de cette parole «donnée» par l'Esprit . Mais, d'une manière plus générale, ici se pose la question des grâces extraordinaires ou pentecostales, des charismes . Un danger serait de les désirer d' une manière désordonnée. Un autre danger serait de les négliger, de les oublier, de penser que ce sont là choses du passé, alors qu'ils ont été donnés - ou plutôt qu'ils sont donnés - à l'Eglise pour tous les temps.
 

    L'évangile du dimanche de la Pentecôte (Jean 7:37-52, 8:12) relate les discussions entre Juifs relativement à la personne de Jésus. Seuls les trois premiers versets ont un rapport direct avec le Saint-Esprit : «Jésus debout, lança à pleine voix : si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, celui qui croit en moi, selon le mot de l'Ecriture, de son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui; car ils n' avaient pas encore l'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié». Le sens de ces paroles est clair. D'une part, l'effusion du Saint-Esprit est conditionnée par la foi en Jésus. D'autre part, le Saint Esprit sera donné quand la présence visible de Jésus aura été retirée de ce monde. Ce sont là les deux points fondamentaux de la doctrine des rapports du Fils et de l'Esprit dans la vie des chrétiens.

    Aussitôt après la liturgie commencent des vêpres d'une structure spéciale. Au cours de cet office, la congrégation, agenouillée, chante d'une manière solennelle le tropaire «Roi du ciel, Consolateur, Esprit de vérité, toi qui es partout présent et qui remplis tout...». On sait que ce tropaire est dit au début de chaque liturgie et de la plupart des offices du rit byzantin; et il est, si nous ne faisons pas erreur, la seule prière adressée directement, dans ce rit, au Saint-Esprit. Cette prière, le matin du Dimanche de la Pentecôte, a une importance capitale : son chant est le moment où l'Eglise concentre toutes ses aspirations vers l'Esprit et implore sa venue; à ce moment, chaque fidèle agenouillé peut, s'il demande vraiment Celui qui est le «don» par excellence, recevoir dans son coeur un renouvellement de la grâce Pentecostale et la descente de la Colombe. La congrégation étant encore agenouillée, le prêtre lit sept longues prières; deux d'entre elles sont adressées à Dieu, sans distinction entre les trois personnes divines; deux sont adressées au Père et trois au Fils. Elles peuvent, au premier abord, sembler un peu diffuses; mais, si on les analyse attentivement, on reconnaitra en elles une somme de la doctrine orthodoxe. Elles récapitulent toute l'économie divine du salut; elles indiquent tout ce que Dieu a fait pour les hommes depuis la création et elles sollicitent les grâces dont nous avons besoin. Quoiqu' elles fassent certaines allusions au Saint-Esprit, elles marquent un glissement du mystère de l'Esprit au mystère de la Trinité. Une phrase de la cinquième de ces prières dit : «O toi, qui, le dernier et grand jour de notre salut, celui de la Pentecôte, nous as révélé le mystère de la Sainte Trinité, consubstantielle et éternelle...». Cet aspect «trinitaire» de la fête de la Pentecôte explique pourquoi ce Dimanche est souvent appelé, parmi les peuples orfllodoxes, «jour de la Trinité ». Il explique aussi pourquoi les Eglises de rit byzantin ont jugé bon de consacrer plus spécialement le lundi de la Pentecôte à la personne du Saint-Esprit : la liturgie et la plus grande part de l'office de la veille (sauf les sept prières dont nous avons parlé) sont répétées en ce lundi. A vrai dire, nommer, comme on le fait, le lundi de la Pentecôte «jour du Saint-Esprit» est une anomalie, car la vraie fête du Saint-Esprit est le dimanche de la Pentecôte, et il serait certainement souhaitable que, en ce Dimanche même, la piété des fidèles s'adresse très particulièrement à la troisième personne de la Trinité, dont l'existence et l'action demeurent si voilées à beaucoup d' entre nous. D' autre part, il est bon que le mystère de la Trinité soit aussi rappelé à notre attention.
    Ce serait une grande erreur que de considérer le dogme de la Trinité comme une spéculation abstraite, lointaine, sans rapport avec notre vie pratique. L'amour vivant et réciproque des trois Personnes divines est le fait éternel, le fait le plus grand, infiniment plus grand et important que tout ce qui nous concerne nous-mêmes. L'homme a été créé parce que les trois Personnes divines voulaient lui communiquer dans une certaine mesure leur propre vie intime. Déjà ici-bas, la vie de la grâce est une participation à cette vie de la Trinité. L'âme qui meurt unie à Dieu est appelée à entrer dans la circulation d' amour des trois Personnes. Les relations de celles-ci constituent le modèle suprême, quoiqu'infiniment transcendant, de ce que devraient être les relations entre les hommes. La Pentecôte, événement final de l'histoire de notre salut - puisque la dispensation du Saint-Esprit ne sera, en ce monde suivie d' aucune dispensation supérieure ou nouvelle - nous introduit au sein du mystère de la Trinité, océan d'où part et où aboutit le fleuve de l'amour divin qui emporte res hommes vers Dieu.

    Afin de marquer que, à la Pentecôte, le cycle liturgique a atteint sa plénitude, l'Eglise orthodoxe appelle tous les Dimanches qui suivent «Dimanches après la Pentecôte». Elle continue même de les désigner ainsi jusqu'au premier Dimanche de la préparation au grand Carême. Il en résulte, à partir du début de l' année liturgique (1er septembre), un curieux dédoublement entre la série des dimanches, qui se rattachent d'une certaine manière à la Pentecôte, au temps de la plénitude, et les fêtes de NotreSeigneur (Avent, Noël, Epiphanie), temps d'attente, de naissance et de croissance. En fait, la piété des fidèles saura, au cours des cinq ou six premiers mois de l'année liturgique, mettre spirituellement les dimanches en rapport avec le mystère du Christ attendu, apparaissant et grandissant au milieu des hommes. Par contre, il est bon que, de la Pentecôte à la fin de l' année liturgique, nous sachions maintenir les dimanches dans le cadre du «temps après la Pentecôte» ou plutôt du «temps de la Pentecôte», lequel durera jusqu' au commencement de septembre. Nous célèbrerons ces dimanches dans l' esprit de la Pentecôte.
Nous lirons, aux liturgies de ces Dimanches des épisodes évangéliques bien antérieurs à la Pentecôte; ils se rattachent à la vie terrestre de Jésus avant sa Passion et sa glorification. Mais nous les interprèterons en termes de l'Esprit, car c'est sous le souffle et par la puissance du Saint-Esprit que Jésus parlait et agissait.

    Nous avons déjà souligné l'importance du thème de la lumière dans l' année liturgique byzantine : cette lumière divine apparaît avec la naissance du Christ; elle croît avec lui; elle triomphe sur les ténèbres la nuit de Pâques; à la Pentecôte, elle atteint le plein midi. La Pentecôte est "la flamme du midi". Mais à ce développement exprimé par l' année liturgique doit correspondre dans notre âme une croissance de la lumière intérieure. Les richesses et le symbolisme de l' année liturgique ne servent de rien si elles n'aident pas "la lumière intérieure" à guider notre vie.

    Nous avons dit aussi que l' on pourrait discerner dans la vie spirituelle trois étapes comparables à trois conversions. La première conversion est la rencontre de l'âme avec Notre-Seigneur, suivi comme un Ami et comme utt Maître. La deuxième conversion est l' expérience personnelle du pardon et du salut, de la croix et de la résurrection. La troisième conversion est la venue du Saint-Esprit dans l' âme comme une flamme et une force. C' est elle qui établit l'homme dans une union durable avec Dieu. Noël ou l'Epiphanie, puis Pâques et enfin la Pentecôte correspondent à ces trois conversions. Hélas, il est probable  que nous n'avons pas encore été transformés en flamme vive par les Pentecôtes déjà nombreuses auxquelles, chaque année, nous nous sommes liturgiquement associés. Du moins est-il bon que nous ne perdions jamais de vue quelles grâces, quelles possibilités chaque Pentecôte nous apporte.

Texte extrait du livre "L'an de grâce du Seigneur" du Père Lev Gillet
("Un moine de l'Eglise d'orient") aux éditions du Cerf

 

Nombres XI 16.17, 24.29

Le Seigneur dit à Moïse: Assemble auprès de moi soixante-dix hommes des anciens d'Israël, de ceux que tu connais comme anciens du peuple et ayant autorité sur lui; amène-les à la tente d'assignation, et qu'ils s'y présentent avec toi.
Je descendrai, et là je te parlerai; je prendrai de l'esprit qui est sur toi, et je le mettrai sur eux, afin qu'ils portent avec toi la charge du peuple, et que tu ne la portes pas à toi seul.
Tu diras au peuple: Sanctifiez-vous pour demain, et vous mangerez de la viande, puisque vous avez pleuré aux oreilles du Seigneur, en disant: Qui nous fera manger de la viande? car nous étions bien en Égypte. Le Seigneur vous donnera de la viande, et vous en mangerez.
Vous en mangerez non pas un jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni vingt jours, mais un mois entier, jusqu'à ce qu'elle vous sorte par les narines et que vous en ayez du dégoût, parce que vous avez rejeté Le Seigneur qui est au milieu de vous, et parce que vous avez pleuré devant lui, en disant: Pourquoi donc sommes-nous sortis d'Égypte?
Moïse dit: Six cent mille hommes de pied forment le peuple au milieu duquel je suis, et tu dis: Je leur donnerai de la viande, et ils en mangeront un mois entier!
Égorgera-t-on pour eux des brebis et des boeufs, en sorte qu'ils en aient assez? ou rassemblera-t-on pour eux tous les poissons de la mer, en sorte qu'ils en aient assez?
L'Éternel répondit à Moïse: La main du Seigneur serait-elle trop courte? Tu verras maintenant si ce que je t'ai dit arrivera ou non.
Moïse sortit, et rapporta au peuple les paroles du Seigneur. Il assembla soixante-dix hommes des anciens du peuple, et les plaça autour de la tente.
Le Seigneur descendit dans la nuée, et parla à Moïse; il prit de l'esprit qui était sur lui, et le mit sur les soixante-dix anciens. Et dès que l'esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent; mais ils ne continuèrent pas.
Il y eut deux hommes, l'un appelé Eldad, et l'autre Médad, qui étaient restés dans le camp, et sur lesquels l'esprit reposa; car ils étaient parmi les inscrits, quoiqu'ils ne fussent point allés à la tente; et ils prophétisèrent dans le camp.
Un jeune garçon courut l'annoncer à Moïse, et dit: Eldad et Médad prophétisent dans le camp.
Et Josué, fils de Nun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole et dit: Moïse, mon Seigneur, empêche-les!
Moïse lui répondit: Es-tu jaloux pour moi? Puisse tout le peuple du Seigneur être composé de prophètes; et veuille le Seigneur mettre son esprit sur eux!

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Joël II 23.32

Et vous, enfants de Sion, soyez dans l'allégresse et réjouissez-vous En le Seigneur, votre Dieu, Car il vous donnera la pluie en son temps, Il vous enverra la pluie de la première et de l'arrière-saison, Comme autrefois.
Les aires se rempliront de blé, Et les cuves regorgeront de moût et d'huile.
Je vous remplacerai les années Qu'ont dévorées la sauterelle, Le jélek, le hasil et le gazam, Ma grande armée que j'avais envoyée contre vous.
Vous mangerez et vous vous rassasierez, Et vous célébrerez le nom du Seigneur, votre Dieu, Qui aura fait pour vous des prodiges; Et mon peuple ne sera plus jamais dans la confusion.
Et vous saurez que je suis au milieu d'Israël, Que je suis Le Seigneur, votre Dieu, et qu'il n'y en a point d'autre, Et mon peuple ne sera plus jamais dans la confusion.
Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair; Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos vieillards auront des songes, Et vos jeunes gens des visions.
Même sur les serviteurs et sur les servantes, Dans ces jours-là, je répandrai mon esprit.
Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, Du sang, du feu, et des colonnes de fumée;
Le soleil se changera en ténèbres, Et la lune en sang, Avant l'arrivée du jour du Seigneur, De ce jour grand et terrible.
Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé; Le salut sera sur la montagne de Sion et à Jérusalem, Comme a dit Le Seigneur, Et parmi les réchappés que Le Seigneur appellera.

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Ezéchiel  XXXVI 24.28

Alors je vous prendrai parmi les nations, je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol.
Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai.
Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j'ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.
Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes.
Vous habiterez le pays que j'ai donné à vos pères. Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu.

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Cette page a été préparée par la Paroisse
St-Etienne et St-Germain à Vézelay

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