Historique de la Paroisse

LA PAROISSE ORTHODOXE
« NOTRE-DAME-JOIE-DES-AFFLIGÉS-ET-SAINTE-GENEVIÈVE »



 

Texte composé d'après les articles publiés par Nicolas Lossky , dans le Journal de la paroisse Saint-Etienne-du-Mont, n° 185, de juin 1985, et Jean Aslanoff dans le "Journal des Jeunes de l'A.C.E.R.", juin 1993.

 
        Située au n° 4 de la rue Saint-Victor, dans le Vème arrondissement de Paris, en plein coeur du Quartier Latin, la paroisse orthodoxe Notre-Dame-Joie-des-Affligés-et-Sainte-Geneviève est, pour cette raison, communément appelée "Saint-Victor" : c'est par un raccourci analogue que les milieux orthodoxes parlent de "Daru" ou de "Georges Bizet" pour désigner les cathédrales situées dans ces deux rues parisiennes.

        Notre paroisse a été fondée par des émigrés russes à Paris en 1936, sous la juridiction du Patriarcat de Moscou, dans un local situé au n° 36 de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Le choix du lieu s'explique par la proximité du tombeau de Sainte Geneviève, et la volonté d'implanter à Paris une communauté orthodoxe francophone.
 

Une paroisse fondée par des Russes

        Les fondateurs appartenaient à l'émigration arrivée en France dans les années vingt, et ils avaient en commun le désir de faire connaître l'Orthodoxie à la France. Contrairement à l'ensemble de l'émigration russe, ils ont très tôt interprété leur présence sur le sol de France non pas comme un simple accident de l'histoire, un coup du hasard, mais comme quelque chose de providentiel, un talent à eux confié par Dieu.
        Pour eux, la présence d'exilés orthodoxes sur cette terre catholique de France, si modeste fût-elle, avait un sens. A leurs yeux, en effet, la France n'était pas seulement une terre d'asile, accueillante aux étrangers ; elle était avant  tout une très vieille terre chrétienne ayant, par delà les ruptures, un long passé en commun avec l'Eglise orthodoxe qu'il s'agissait pour eux de retrouver.
 

Sous un double patronage

        La première démarche concrète pour la découverte et la rencontre en profondeur avec le christianisme  d'Occident fut la vénération des saints locaux. D'où le désir de fonder une paroisse sous la protection et à proximité de Sainte Geneviève, patronne de Paris. C'est donc une chance extraordinaire que la nouvelle communauté ait pu trouver un local dans la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, tout près de l'église Saint-Etienne-du-Mont, où reposent les reliques de la sainte.
        La dévotion à Sainte Geneviève s'exprime chaque année par le pèlerinage que la paroisse organise, grâce à l'hospitalité de Saint-Etienne-du-Mont, au mois de janvier, sur le tombeau de Sainte Geneviève. Avec les années, les orthodoxes de la région parisienne sont de plus en plus nombreux à participer à cet événement.
        Depuis sa création, la paroisse a grandi, et lorsque le conseil paroissial décida d'acheter en 1966 un local plus spacieux, il porta son choix sur une salle située dans la rue Saint-Victor, c'est à dire près du tombeau de Sainte Geneviève.
        Mais les fondateurs russes ont choisi en premier patronage celui de la Vierge Marie, Notre-Dame-Joie-des-Affligés étant le nom d'une icône de la Vierge très vénérée en Russie. Cette dédicace a été greffée sur la terre de France, entre autre choses, par le fait que, très tôt, plusieurs paroissiens sont devenus des pèlerins assidus de Notre-Dame-de-la-Salette.
 

Dans une perspective francophone

        Compte tenu de l'origine des fondateurs et des premiers paroissiens, essentiellement des Russes, les offices furent célébrés en slavon, mais les objectifs de la nouvelle paroisse furent de rendre accessibles aux Français convertis à l'orthodoxie les trésors liturgiques de la tradition byzantine. Ainsi, une fois par mois, la messe fut célébrée en français.
        Le premier recteur de la paroisse fut le Père Michel Belsky, aidé dans sa tâche par Vladimir et Madeleine Lossky ainsi que par les frères Kovalevsky.
        Il fallut alors entreprendre un long travail de traduction des textes liturgiques et théologiques en français. L'adaptation de la musique liturgique russe à la langue française, fut en grande partie confiée au compositeur Maxime Kovalevsky.
        L'iconostase, ainsi qu'une grande partie des icônes, dont celle de Sainte Geneviève, fut l'oeuvre de Léonide Ouspensky.
        Aujourd'hui, près de soixante ans après sa création, le souhait des fondateurs est réalité, puisque la paroisse est devenue francophone. Sa composition est multiethnique, les Russes n'étant plus qu'une infime minorité ; c'est ainsi que la nuit de Pâques on peut entendre chanter dans une dizaine de langues le tropaire Christ est ressuscité !
 

Pour une orthodoxie vivifiante

        Les fondateurs de la paroisse Notre-Dame-Joie-des-Affligés-et-Sainte-Geneviève étaient convaincus dès l'origine, que la seule richesse véritablement durable, qu'ils avaient emportées dans leur exil, était l'orthodoxie, orthodoxie qu'ils comprenaient non pas comme identifiée à une culture donnée et plus ou moins immuable, ni non plus négativement, définie contre les autres, mais positivement, comme la fidélité du Christ ressuscité et à l'Evangile, orthodoxie donc qu'il faut redécouvrir chaque jour, en distinguant le fondamental immuable du secondaire qui passe, recherche qui aujourd'hui doit incontestablement être faire ensemble par tous ceux qui se réclament de Jésus-Christ et de la foi apostolique.
        Ils ont laissé à leurs successeurs un héritage qu'ils s'agit de faire fructifier. Eux-mêmes n'avaient apporté qu'une seule richesse : l'attachement fidèle à une Orthodoxie comprise non pas comme un conservatisme jaloux, mais comme la voie ascétique d'une conversion permanente à l'Orthodoxie par l'adhésion toujours approfondie à l'essentiel de la foi apostolique, la foi de nos Pères, la foi de l'Eglise de tous les temps, la foi en «Jésus-Christ, le même, hier, aujourd'hui et à jamais» (Héb. 13,8). Cette foi ne peut que transformer la vie autour de nous et tendre vers la réunification de tous ceux qui s'en réclament pour que d'abord dans notre quartier «le monde croie» (Jean, 17,21).

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